Compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/09/2008

Comme c'est mignon ....

 

Ils sont arrivés, jeudi matin, des élèves comme les autres... Neuf en tout. Pas énorme, mais cela a suffi quand même à former un groupe de langue deux.

Ils ont commencé à sortir leurs affaires. Docilement et d'eux-mêmes. Tout de suite, certains cahiers m'ont sauté aux yeux : mais c'est qu'il y a du Tokio Hotel partout là-dedans !! Ils sont quatre ou cinq, dans cette classe, à être branchés à fond sur Bill et compagnie !!!

Par curiosité, je leur ai demandé pourquoi ils avaient choisi l'allemand. Une réponse classique : « tout le monde a fait de l'allemand dans ma famille, j'ai voulu en faire aussi ». Et puis ont fusé d'autres réponses... Deux gamines, installées devant, se sont mises à se marrer, l'une donnant un coup de coude à l'autre, en lui disant : « Mais vas-y, dis-le ». Et la demoiselle de se lancer : « J'ai choisi l'allemand parce que je voudrais comprendre les textes de Tokio Hotel et même leur parler un jour ». Comme c'est mignon ! Comme c'est touchant ! Non, vraiment, je dis cela sans moquerie aucune. Je trouve cela tout simplement touchant ! Cela me rappelle ma propre adolescence et le culte que j'ai longtemps voué à ... Jeanne Mas !! Les temps ont changé ! Quoique ... A y regarder de plus près, entre Jeanne et Bill, on note quelques ressemblances physiques, non ?!!!

Evidemment, rien de bien étonnant à cela, je ne suis pas tombée des nues non plus, sachant bien que Tokio Hotel est encore ce qui fait la meilleure pub aux pauvres profs d'allemand en détresse (nous n'avons pas connu que des heures de gloire !) ...

Fort heureusement, j'ai choisi un manuel moderne pour ces élèves. Et, ouf, à la page 45, je crois, il y a un article sur Tokio Hotel ! Me voilà sauvée !!!

J'ai également demandé à ces élèves s'ils connaissaient des villes allemandes. J'ai eu droit à Magdeburg et à Leipzig, bien sûr, mais aussi, de la part du gamin plus « classique », à Ulm ... « Parce que c'est la ville natale d'Einstein » ! Alors là, j'en suis restée bouche bée !! Quelque chose me dit que je vais bien m'éclater cette année, tant est impressionnante la culture des élèves que j'ai en face de moi, et tant leur curiosité est stimulante pour moi...

Revenons à nos moutons : jeudi après-midi, je suis allée me balader dans le rayon musique d'un centre commercial. Et, ô stupéfaction : j'ai trouvé un ouvrage intitulé « Apprendre l'allemand avec Tokio Hotel » ! Si ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? Il y avait moyen de se faire du pognac !!! Et, hier, toute fière de ma découverte, je suis arrivée en classe avec le bouquin en question. Et vous savez quoi ? Les gamins l'ont déjà !!!!!!

16/07/2008

53 punaises !

 Lübeck

 

Je les ai recomptées ce matin, pour être sûre de ne pas raconter de bêtises sur ce blog... 53 punaises, il y a 53 punaises sur ma carte de l'Allemagne ! J'ai fait un petit trou sur chacune des villes dans lesquelles je me suis arrêtée, pas forcément très longtemps d'ailleurs...

Bien sûr, il y a les facilement accessibles, les frontalières, celles qui se donnent vite fait bien fait et sont toujours prêtes à m'accueillir quand j'ai un coup de blues et une envie folle de revoir "mon" Allemagne !  Sarrebruck, Sarrelouis, par exemple. Ce ne sont pas mes préférées. Mais je leur garde toujours une certaine tendresse, quand même, justement parce qu'elles sont tout près d'ici... Ce sont mes petites villes-pansements, celles que je prends un peu (honte à moi) pour des pis-aller...
Et puis, il y a les plus lointaines... Leipzig, où je passai un an en tout après la chute du mur de Berlin. Leipzig la toute grise à l'époque. Leipzig qui a tellement changé à présent. La ville de Bach, une ville dont l'université a accueilli tant de grands noms... Dresde aussi. Celle qu'on appelle la Florence de l'Elbe et qui est un vrai bijou ! Weimar, une de mes villes allemandes préférées... Berlin, évidemment... Berlin qui est devenu mon lieu de pèlerinage estival... Cette année, pas de séjour dans la capitale allemande car ma dernière née est trop petite, je ne veux pas m'en séparer trop longtemps (et une semaine, ce serait trop longtemps !), mais je retournerai à Berlin l'an prochain si tout va bien, c'est promis !

Il y a aussi Lübeck, la majestueuse... La ville de la famille Mann. Göttingen, qui me fait toujours penser à Barbara... Hameln, la ville du "Rattenfänger", du joueur de flûte qui, pour se venger de l'ingratitude des habitants de la cité, mena au fleuve tous les enfants qu'elle comptait... Et toutes les villes de la Bavière aussi. Munich, où je dois absolument retourner. Je me souviens de mon arrivée dans l'immense gare de Munich, lorsque j'avais 17 ans et me rendais pour la première fois chez ma correspondante Gesine... Regensburg (Ratisbonne en français), Bamberg (un endroit fabuleux). Et puis aussi toutes les villes situées pas très loin d'ici, mais quand même assez loin déjà pour qu'on s'y sente totalement en Allemagne. Heidelberg, la romantique. C'est cliché à mort, peut-être, mais c'est incontournable. Heidelberg et son chemin des philosophes... Son château, ses sympathiques ruelles, son Neckar qui coule, paisible, au milieu de mille splendeurs...  

Il y en a une que je n'aime pas, mais je l'écris vite et je ne suis pas fière, mais je n'ai jamais réussi à l'apprivoiser : Stuttgart... Bof. Et je ne raffole pas non plus de Francfort-sur-le-Main...

Et il y a toutes celles que je voudrais voir et que je regarde avec tristesse et angoisse : aurai-je assez de toute une vie pour aller voir Brême, Hambourg, Braunschweig, Jena, Rothenburg ob der Tauber, Wasserburg, Coblence et tant d'autres ? L'île de Rügen aussi ?

Suite au prochain numéro. Car j'ai été ingrate avec plein d'endroits, il faut que je répare vite cette négligence !

 

03/07/2008

Dernières balises avant ... mutation

Pour commencer, ces mots de Simone de Beauvoir : "Soudain l'avenir existait; il me changerait en une autre qui dirait moi et ne serait plus moi. J'ai pressenti tous les sevrages, les reniements, les abandons et la succession de mes morts"....

 

En ce trois juillet 2008, je m’apprête à aller boire une dernière fois un verre avec ceux qui seront, demain déjà, mes anciens collègues… Eh oui, je les quitte. J’ai demandé ma mutation et l’ai obtenue. Je vais travailler dans un autre collège. A Nancy, cette fois. A dix minutes de chez moi. Premier gros avantage (j’ai fait pendant de longues années 70 kilomètres aller-retour pour le travail). Deuxième point positif : dans le collège où j’arrive, les élèves ont la possibilité de choisir, comme langues vivantes, l’anglais, l’allemand ou … l’espagnol. Du coup, et même si c’est un peu triste à dire, le tri se fait : les gamins qui viennent en allemand ont en général choisi d’être là. D’une façon générale, désolée de dire les choses aussi crûment, les glandus font espagnol parce que, tout le monde le sait, « e facilo l’espagnolo » ! Le collègue dont je prends le poste le quitte à grand regret. Il est allé jusqu’à me dire que cette mutation allait me réconcilier avec le métier ! Du coup, j’ai de nouveau envie de m’investir, envie de monter un autre échange, etc. J’ai mille projets en tête, et pourquoi pas un voyage à Berlin, récompense que le collègue que je remplace avait promise à ses troisièmes LV1. Il paraît même que la direction est géniale, qu’elle soutient les profs et se montre juste dans l’ensemble. Petite médisance au passage : ça va me changer !!! Je suis donc ravie de partir étreindre un si bel horizon. Je ne regretterai guère les élèves que je laisse derrière moi, à part quelques exceptions. Les classes blindées en LV2, les insolences et la paresse de bien des mômes avaient fini par me donner la nausée… A telle enseigne que j’envisageais presque de changer de métier ! Pourtant, l’enseignement, je crois que je l’ai dans la peau. Je fais ça depuis toujours. Déjà à la maternelle, les autres gamins m’appelaient « maîtresse » car j’adorais leur raconter des histoires. Je m’voyais déjà non pas en haut de l’affiche, mais en face du tableau, convaincue au plus profond de moi que j’étais faite pour ce métier-là et aucun autre ! Oui, carrément ! Et je ne compte pas les heures passées à jouer à la maîtresse chez mes parents. Je devrais déjà être en retraite, tiens, si on fait le calcul !  Bref… Donc, si un poste est capable de me redonner la flamme, c’est à sauter au plafond !

Mais… Mais je quitte des collègues auxquels je me suis beaucoup attachée, des êtres d’une rare gentillesse. Un peu déjantés, comme j’aime. Les soirées au collège sont (je devrais dire « étaient ») en général bien mouvementées ! Pas plus tard que mardi soir, au repas de fin d’année, certains de mes collègues ont chanté du Claude François. Il y avait même des Claudettes ! La prof de musique avec une perruque mauve sur la tête, la prof de maths habituellement si discrète en short noir et grandes bottes !! J’étais arrivée dans ce collège à 24 ans. J’y ai pris dix ans sur le paletot. Dix ans, cela représente déjà une sacrée tranche de vie… Je referme la porte sur beaucoup de choses, j’en ai les larmes aux yeux, grande sentimentale que je suis ! Et savez-vous ce qui m’a le plus touchée parmi toutes les marques de sympathie de mes collègues à l’annonce de mon départ ? Ces mots d’un collègue de français : « Je sais ce qui va me manquer plus que tout : ta façon de parler de Thiéfaine »… Je file, je vais donc boire un dernier verre de l’amitié (oui, de l’amitié, vraiment) avec ces gens-là. J’ai le cœur un peu lourd, mais, comme le disait mon ancienne principale-adjointe : « Il faut avancer »… Ben oui, puisque de toute façon, « on n’a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens »…

 

En ce trois juillet, il y a un autre événement : mon père a 66 ans. Le temps passe bien trop vite à mon goût…