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23/01/2009

Quand le ciel vous tombe sur la tête...

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Allez, écrire, écrire encore et toujours. Dans les moments les plus douloureux de ma vie, l'écriture a toujours été ma planche de salut. Je persiste et je signe, il le faut... C'est sans doute la dernière fois que j'utilise cet espace pour parler du drame que je vis actuellement. Je vous donne quelques nouvelles, et puis stop, ce blog reprendra sa fonction première, à savoir : parler de l'Allemagne et de tout ce qui s'y rapporte.

Avant le 21 décembre 2008, je ne savais pas clairement ce qu'était un AVC. Avant le 21 décembre 2008, je ne savais pas ce que voulaient dire les termes « artériographie », « réanimation neurochirurgicale », « électro-encéphalogramme ». Tout ce vocabulaire m'était inconnu, et c'était sans doute mieux ainsi, je n'aurais jamais voulu marcher dans les traces de nombre de mes ancêtres et travailler en milieu hospitalier. Mon Dieu, non, je me serais évanouie dès le premier stage en situation ! Bref... Avant le 21 décembre, je ne savais rien de cet univers ô combien effrayant qu'est la neurochirurgie. Maintenant, je suis incollable, et c'est bien triste. Ma maman est toujours parmi nous, mais pour combien de temps et surtout dans quel état ? Nous avons joué de malchance depuis le début : le 18 décembre, il y avait eu une première alerte, et le médecin généraliste qui était venu au chevet de ma Mutti avait diagnostiqué une gastro-entérite. Il faut dire qu'elle présentait tous les signes de cette maladie. Et que, bien évidemment, nul ne pouvait imaginer ce qui se tramait déjà ce jour-là... Le 21 décembre, hospitalisation en urgence, ma mère était inconsciente. Elle a subi une première artériographie. Et s'est réveillée assez vite et assez bien. Je la sentais là à chaque fois que j'allais la voir. Elle m'écoutait, elle était avec nous, j'en suis sûre. Et puis, le mercredi 7 janvier, je sors de cours, et je vois que l'hôpital a essayé de me joindre. Je rappelle et le ciel me gerbe de nouveau dessus : ma mère avait refait une troisième hémorragie (la première datant, selon les médecins, du 18 décembre). Deuxième artériographie en urgence. Le soir, ma maman retourne dans sa chambre. Quand nous la voyons, elle est endormie, mais elle tremble de partout et c'est un supplice de la voir comme ça. On ne repart pas à la case départ, mais dans le néant total. Le dimanche, l'équipe médicale cesse de sédater (encore un verbe que je ne connaissais pas) ma mère, pour qu'elle se réveille. Cela met un temps fou, mais huit jours plus tard, elle commence à entrouvrir les yeux. J'ai même l'impression qu'elle me cherche vaguement du regard quand je suis dans sa chambre. En revanche, ses membres ne bougent pas. Du tout. Je continue dans l'horreur ? Les jours passent et ma mère semble « s'absenter » davantage. Hier, je suis allée la voir, comme tous les jours d'ailleurs, et son regard était tellement absent, tellement loin, tellement vide que j'ai pris peur. C'est un regard indescriptible. Qui vous traverse sans vous voir. Absolument inimaginable, quand on sait qui était ... Euh, attendez : dois-je employer l'imparfait ou le présent ? Disons : quand on sait quelle personne est ma mère en temps normal. Quelqu'un qui s'enthousiasme pour une foule de choses et a, comme dirait Arno, toujours une « lumière dans les yeux ». Hier encore, elle a subi un éléctro-encéphalogramme qui a indiqué que son activité cérébrale était fortement ralentie, pour ne pas dire inexistante. Le médecin que j'ai eu au téléphone en début d'après-midi est pessimiste : il paraît que plus le temps passe sans apporter d'amélioration sur le plan neurologique, moins il y a de chances pour que le patient récupère des facultés.

Le dimanche 21 décembre, ce putain de jour qui marquera toujours une césure, la césure dans ma vie, ma maman avait répondu, à mon papa qui lui demandait si elle allait un peu mieux : « Ecoute, je crois que ça n'ira plus jamais bien ». Ma petite maman, je crois malheureusement que tu avais vu juste et que le ciel, le destin, ou je ne sais comment appeler ce qui dirige nos vies, bref, je crois que l'avenir te contredira peu, cela n'ira plus jamais bien. Et je reste hébétée devant cette catastrophe...

23/12/2008

Une terrible épreuve...

 

Peut-être vous souvenez-vous de la note que j'avais écrite, il y a quelques mois, sur le film « Cherry blossoms ». Je me souviens d'avoir écrit ce jour-là que ce film donnait envie d'appeler ses parents au plus vite pour leur dire à quel point on les aime. Pour ma part, « Cherry blossoms » m'avait, entre autres, donné envie de demander à ma maman quand on retournerait à Berlin ensemble...

Aujourd'hui, au regard des circonstances tragiques dans lesquelles nous allons vivre les fêtes de fin d'année, j'en suis plutôt à me dire que nous avons bien fait d'aller à Berlin ensemble, elle et moi, quand l'occasion s'en présentait, car sans doute n'aurons-nous plus jamais la possibilité d'y retourner toutes les deux. Sans doute n'aurai-je plus jamais le coeur à retourner dans la capitale allemande, chargée pour toujours de trop de souvenirs...

C'est peut-être indécent d'exposer sa douleur sur Internet, et je sais bien que le chagrin n'est pas une chose que l'on doit exhiber. Mais j'ai le coeur si lourd depuis dimanche que seule l'écriture peut me faire encore tenir debout. Et le sourire de mes filles aussi, bien sûr, et toutes les gentillesses prodiguées par les uns et les autres...

Dimanche, ma maman est tombée dans une inconscience profonde. Elle est partie en urgence à l'hôpital. Le diagnostic est lourd : elle a fait deux hémorragies cérébrales. Elle a subi une grosse intervention hier. Elle est à présent en réanimation, et on ne sait pas comment les choses vont évoluer. On ne sait même pas si elle va se réveiller et, si oui, quelles seront les séquelles, son cerveau ayant été très atteint... Les coups du destin vous tombent dessus à n'importe quel moment, Noël ou pas Noël... Nous devions passer le réveillon tous ensemble, en famille. Et là, nous allons quand même faire quelque chose, notamment pour les enfants, mais il manquera quelqu'un à table...

Ma maman a toujours dit qu'il fallait profiter au maximum des joies de la vie car il n'y en a pas tant... C'est un peu ce que dit le proverbe allemand « Man muss die Feste feiern, wie sie fallen ». Si j'avais su, j'en aurais profité tellement plus quand elle était encore bien ! Ma petite maman, ma petite Mutti...

14/12/2008

Meine freie deutsche Jugend

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Il y a quelques semaines, ma collègue de musique me demandait un petit service : jeter un oeil sur le devoir d'allemand de sa fille. Il s'agissait d'un devoir de compréhension écrite. Avec, comme document de référence, un texte parlant de la RDA. Le titre : « Die Musik meines Vaters ». L'auteur : Claudia Rusch. Inconnue au bataillon. Moi qui adore les témoignages évoquant la RDA et en ai lu un bon paquet, j'en suis restée comme deux ronds de flan ! D'abord, je me mis à lire le texte. Une jeune fille racontait quel avait été le pouvoir de la musique « de l'autre côté ». Et combien le concert de Bob Dylan, à Berlin-Est en 1987, avait été décevant : le public est-allemand, pourtant si heureux d'accueillir le grand homme, s'était senti floué par sa prestation qui n'avait ressemblé qu'à une obligation sur une longue liste... « Für die Leute war es Gott schauen – aber der Schöpfer ging vorüber, ohne sie eines Blickes zu würdigen ».
Plus loin, il était question de Neil Young qui, lui, n'a jamais donné de concert en RDA. En revanche, il est venu jouer à Berlin au début des années 90. Le beau-père de Claudia Rusch était allé l'applaudir, elle l'avait accompagné et avait compris qu'était en train de s'accomplir, sous ses yeux de toute jeune fille, le rêve d'une vie entière...

Evidemment, le texte m'a émue ! Juste après l'avoir lu, c'était décidé : je finirais par acheter le bouquin ! Ce que j'ai fait il y a quelques jours. Sur Amazon.de parce que, malheureusement, pas le temps d'aller en Allemagne me procurer le trésor.

Depuis que j'ai reçu ce livre (Meine freie deutsche Jugend), je le sirote, je le bois tranquillement pendant les siestes de Louise, les moments plus calmes de Clara, les rares heures où je suis seule dans l'appartement, entourée de silence...

Ce livre est tout simplement magnifique. Extrêmement touchant ! Je me sens proche de cette jeune femme qui raconte que le rêve de sa mère, du temps de la RDA, était de manger du homard, délicieux mets introuvable à l'Est. Et qu'un parent de l'Ouest (il me semble) lui avait rapporté un jour. Sauf que le homard, eh bien, personne ne savait comment le cuisiner. Ils s'y sont mis à plusieurs et ont décidé de le faire cuire à la poêle. Bien entendu, le truc s'est révélé immangeable ! Je me sens proche aussi de cette jeune femme qui raconte que lorsque le mur est tombé, son rêve le plus ardent était d'aller en France (tiens, j'en connais une qui rêve plutôt d'Allemagne !). Et elle y est allée. Elle a même supplié le fonctionnaire des douanes françaises de lui mettre un tampon français sur son passeport est-allemand.

C'est touchant, c'est drôle aussi parfois. Plein de vie, de la vie comme elle va, emmaillotée dans son cortège de joies et de peines. Un livre à lire absolument, quoi !