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20/07/2007

Heinrich Böll (suite)

Böll utilise avec métier toutes les ressources du genre pour construire ses variations sur un même sujet : l'ironie du sort, l'impuissance de l'individu devant l'Histoire. Ces récits lui valent de recevoir, en 1951, le prix du Groupe 47 : début de la notoriété. Le premier roman de Böll, Wo warst du, Adam? (Où étais-tu, Adam? 1951), traite encore de la guerre. La guerre vue comme une peste qui afflige l'humanité. Avec les romans suivants, Und sagte kein einziges Wort (Rentrez chez vous, Bogner, 1953) et Haus ohne Hüter (Les enfants des morts, 1954), l'écrivain se tourne vers "l'après" : de la difficulté à recommencer pour ceux qui  n'ont plus de père, de modèle, qui ne se "trouvent" plus, même avec le secours des idéologies ou de la religion. Dans Billard um halb zehn (Les deux sacrements, 1959), Böll soutient un projet encore plus ambitieux : raconter l'Histoire contemporaine à travers l'histoire privée d'une famille. La technique narrative élaborée à cet effet fut diversement appréciée. D'aucuns citèrent par exemple le "nouveau roman", tandis que d'autres jugèrent "artificielle cette manière de projeter sur la famille Fähmel des références à l'Allemagne wilhelmienne, fasciste ou fédérale".
On aurait pu croire que Böll resterait prisonnier du misérabilisme de la "Trümmerliteratur" (littérature des ruines), partagé par toute une génération d'écrivains. Or, son oeuvre prend un essor nouveau avec Ansichten eines Clowns (La grimace, 1963). Le romancier prend ici ses distances à l'égard de la "restauration" en RFA : bonne conscience et conformisme intellectuel sur fond de miracle économique. Le héros, Hans Schnier, préfère la sincérité du clown à l'hypocrisie de l'honnête homme : il affirme la prétention inouïe de vouloir préserver sa liberté d'individu sous le costume du bouffon. Attitude qui est le fruit d'une vision désabusée de la société, quelque forme qu'elle emprunte : le clown caricature avec la même virulence la bourgeoisie catholique rhénane et les fonctionnaires politiques de la République Démocratique. Attitude narcissique : le clown est entouré de miroirs où il ne rencontre que sa propre image. Böll dessine ici un portrait résigné de l'artiste.

Suite au prochain numéro!

Source : comme hier!

 

Quelques mots d'Heinrich Böll :

-sur ce qui l'a inspiré dans son oeuvre : "All das und was ich auf der Straße gesehen, gerochen, gehört habe, hat mich beeinflusst".

 

-sur sa paresse : "Manches scheitert bei mir auch an der Faulheit. Ich sitze irgendwo, lese ein Buch oder unterhalte mich mit Freunden oder sehe fern oder bin im Kino und denke : Mensch, eigentlich müsstest du jetzt das und das machen, arbeiten, und dann denk ich : nein, und dann ist es weg, vieles ist weg; wahrscheinlich ist es sogar gut so".

19/07/2007

Heinrich Böll

7a2bf08a36641cbf124d56e76d5306b7.jpgSans doute l'écrivain allemand que je lis le plus volontiers...

Heinrich Böll est né à Cologne le 21 décembre 1917. Il reçut le Prix Nobel de littérature en 1972. Dans un essai autobiographique, Über mich selbst (Sur moi-même, 1958), Böll cite deux instances décisives qui permettent de le situer "sociologiquement" : une famille libérale, ouverte au monde de l'art (le père est sculpteur, ébéniste) et la ville de Cologne, avec son contraste entre la bourgeoisie catholique et le prolétariat "rouge".

Böll a quinze ans lorsque les nazis pénètrent dans Cologne. Il fréquente alors le lycée et se refuse à entrer dans les rangs des Jeunesses hitlériennes : "Pas seulement pour des raisons morales ou politiques, mais aussi pour des raisons esthétiques : je n'aimais pas leur uniforme, et la marche à pied m'a toujours laissé indifférent". Après le baccalauréat, Böll entre en apprentissage chez un libraire. En 1938-1939, il est enrôlé au service du Travail, puis appelé sous les drapeaux dès le début des hostilités. Les hasards de la guerre le conduiront, six ans durant, sur tous les fronts : Pologne, France, Russie. Ensuite, il sera fait prisonnier par les Américains. En 1945, Böll retrouve Cologne en ruine. Il s'inscrit à l'université, aide son frère dans l'atelier familial, travaille au bureau de recensement de la ville...

A partir de 1951, il vit de sa plume. C'est dans l'atmosphère de désarroi, d'impuissance, d'irrémédiable gâchis de l'immédiat après-guerre que Böll devient écrivain. De 1945 à 1947, il écrit "environ une soixantaine de nouvelles, publiées dans une dizaine de journaux différents" : avec Der Zug war pünktlich (Le train était à l'heure, 1949), les meilleures d'entre elles seront éditées sous le titre Wanderer, kommst du nach Spa... (Voyageur, viens-tu vers...) Le genre de la nouvelle convient particulièrement à l'état d'esprit de l'époque : une forme fragmentaire, témoignant de l'impossibilité (du refus) de livrer une interprétation globale et rassurante du réel, forme privilégiée pour rendre compte du quotidien dans un langage dépourvu d'artifice.

 

Suite au prochain numéro!

Source : Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays, Bouquins, Robert Laffont.

 

18/07/2007

A comme Ampelmännchen

Allez, encore une petite note, pour la forme! 907a8856f5b62432cbe67ca828e353c8.jpgConnaissez-vous ces petits gugusses? Ce sont eux, les "Ampelmännchen"! Autrefois, en Allemagne de l'Est, ils vous indiquaient si oui ou non vous aviez le droit de vous engager sur les passages cloutés. Après la réunification, les Allemands de l'Est ont tenu bon et ont souhaité sauver leurs petits "Ampelmännchen"! A présent, n'importe quelle ville allemande peut choisir de doter ses passages piétons de ces bonshommes. Pour ma part, je les trouve craquants! Ils font maintenant l'objet d'un véritable commerce. A Potsdam, j'ai vu un "Ost-Shop" dont la devanture arborait fièrement ses "Ampelmännchen". On les vend en porte-clés, en briquets, autocollants, etc. Bon, je reconnais que c'est un peu excessif et presque écoeurant à la fin! Mais ne suis-je pas la première à tomber dans ce genre de piège à la gomme?! Ben oui, l'année dernière, j'avais acheté un tee-shirt "Ampelmännchen" (gugusse vert devant, gugusse rouge derrière). Cette fois, j'ai dépensé un peu moins en "Ampelmännchen" et me suis contentée d'un stylo à 2, 75 euros!! Mais quand même!

Les "Ampelmännchen" sont devenus, comme on l'apprend sur Wikipédia, les mascottes du courant appelé "Ostalgie" (ici, on joue sur les mots : "Nostalgie" a donné "Ostalgie", ce qui caractérise la tendance à regretter certains aspects de cette "bonne vieille" RDA). Là, je crois qu'il est difficile d'émettre un jugement... J'ai lu dernièrement un livre de Jana Hensel, Zonenkinder, dans lequel la jeune femme explique que la réunification a balayé très vite, sur son passage, ce qui appartenait à l'idendité des Allemands de l'Est... Oui, c'est certain. Mais de là à faire tout ce commerce autour des objets typiquement RDA, bof, bof... Enfin, comme je l'ai dit, je suis la première à tomber dans ces futilités, sans doute parce que mon expérience de Leipzig m'a rendue sensible à l'histoire de la RDA. Mais n'oublions pas que c'était avant tout un système totalitaire, n'oublions pas que, comme tout système totalitaire, il traîne son cortège de victimes derrière lui... Je comprends que certains aient besoin de se raccrocher à leur passé, aux "Ampelmännchen" tout comme au "Sandmännchen". Mais purée quel fric on fait avec tout cela! Cette année à Berlin, au bout d'un moment, j'ai été littéralement écoeurée par ces étalages de produits de l'Est... Bon, cela n'engage que moi!