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08/12/2011

Le couple franco-allemand ou : laissez-moi rire...

A longueur de journée, et particulièrement depuis quelques semaines, on nous rebat les oreilles avec le couple franco-allemand ! Je passe sur les commentaires que l'on peut entendre à droite et à gauche sur ce sujet. Je n'évoquerai pas non plus la rage que provoquent en moi des propos tels que « le plan franco-allemand, la discipline allemande mêlée à des accents de solidarité à la française » (on ne perd jamais une occasion de tirer la couverture à soi). Non, aujourd'hui, mon propos est tout autre. J'ai juste envie de dire que l'on se fout joyeusement de nous. Parce que le couple franco-allemand, dans les faits, c'est ça :

Nancy, ville sympathique, située en Lorraine. La Lorraine, une région qui se trouve non loin de l'Allemagne et où, sur le marché du travail, on demande dans de nombreux domaines la maîtrise de la langue du voisin. Pour ma part, j'ai calculé un truc : j'habite à très exactement 1h05 du panneau « Bundesrepublik Deutschland » ! Et, pour moi (et tant pis si d'aucuns trouvent cela débile), c'est une immense consolation de savoir que je peux aller quand je veux ou presque me faire un petit bain de musique allemande. Parce que oui, j'aime l'allemand. Et là encore, vous pouvez me trouver débile ! Parce que le couple franco-allemand, dans les faits, c'est souvent ça : « Quoi ? Tu es prof d'allemand ? Je déteste cette langue ! C'est moche, guttural et difficile de surcroît » ! Dans ces cas-là, inutile de sortir les arguments qui pourtant me tiennent à cœur : l'allemand, c'est la langue des poètes et des philosophes. Une langue qui fonctionne avec des mots composés et est capable d'en inventer à l'infini. Aucun dictionnaire ne pourra jamais contenir toutes les inventions que permet cette langue. Ce n'est pas rien, quand même. Ce sont d'ailleurs ces mots-là qui, il y a vingt ans, me firent tomber raide dingue d'amour pour cette langue. Je trouvais certains substantifs tellement beaux que je me disais que ce n'était pas possible qu'on puisse les utiliser dans la vie de tous les jours. Et, quand je partis vivre à Leipzig, ce fut l'émerveillement pour moi de constater que si, ces mots-là faisaient bel et bien partie du paysage quotidien !

Mais je m'égare et m'éloigne de mon propos... Le couple franco-allemand, dans la réalité, c'est ça : en Lorraine, on constate depuis quelques années une immense désaffection pour la langue du voisin. On lui préfère l'espagnol, « langue du soleil, langue chantante », je cite. Je n'ai rien contre l'espagnol, bien sûr. J'aime d'ailleurs toutes les langues, parce que chacune porte en elle l'histoire du ou des peuple(s) qui la parle(nt) (d'où mon désintérêt total pour l'espéranto). Mais que l'on en vienne à massacrer l'allemand sans qu'aucune voix ne s'élève pour s'indigner, là, non, je ne comprends plus. Il y a maintenant, à Nancy et dans les environs, des tas de collèges où il ne sera plus possible d'étudier l'allemand. Le règne de la pensée unique. Fais anglais et espagnol et tais-toi.

Bien sûr, derrière tout cela, se cachent de lourds problèmes économiques. Mais je ne suis pas sûre que l'on fasse le bon calcul : l'allemand reste une langue très demandée sur le marché du travail, en tout cas en Lorraine, et il faudra bien un jour ou l'autre redébloquer des fonds pour l'étude de cette langue.

En tout cas, pour en revenir à mon petit nombril : l'an prochain, dans mon bahut, les élèves n'auront plus la possibilité de faire de l'allemand en deuxième langue. S'ils n'ont pas choisi l'allemand en première langue, avec l'anglais, tant pis pour eux.

Alors, moi, quand j'entends parler du couple franco-allemand, je fais des bonds de deux mètres !

02/12/2011

Reinhard Mey

Je suis abonnée depuis de nombreuses années au magazine Vocable. J'ai reçu le dernier numéro ce matin et ai commencé à le lire ce soir. Immense joie de tomber sur un article consacré au chanteur Reinhard Mey (connu en France sous le nom de Frederik Mey). Et, en même temps, dès les premiers mots de l'article, je sens que le drame est prêt à nous bondir dessus. « Es könnte eine Tournee wie jede andere sein »... C'est-à-dire : « Cela pourrait être une tournée comme toutes les autres ». Un peu plus loin, on lit ceci : « Doch dieses Mal ist alles anders ». Et on apprend que Reinhard Mey vit effectivement un drame quotidien depuis deux ans : suite à une infection pulmonaire, son fils Max, âgé de 27 ans, est tombé dans le coma. Depuis, le chanteur n'a pas cessé d'aller rendre visite à son fils, de lui parler, de lui interpréter des chansons. Avec je ne sais quel courage, il a réussi à sortir un album, « Mairegen ». Et à partir en tournée.

Reinhard Mey, c'est pour moi un monument. J'ai beaucoup écouté ses chansons, en français et en allemand. Reinhard Mey, c'est « Il n'y a plus de hannetons » (« Es gibt keine Maikäfer mehr »), « Certains jours j'aimerais bien être mon chien », « Le vieil ours », « Maikäfer fliege », « Auf eines bunten Vogels Schwingen » (et je ne connais pas de plus belle ode à la vie !). A l'époque où un rideau de fer séparait l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest, Reinhard Mey écrivit une chanson très émouvante sur ce sujet : « Ich würde gern einmal in Dresden singen ». Un texte fort, dans lequel il disait que pour lui des noms comme Leipzig, Weimar, Dresden ou Heinrichsruh étaient plus exotiques que ceux de Singapour ou Los Angeles !

Reinhard Mey, c'est tellement plus encore. C'est plus de quarante ans de chansons, de trésors (que je ne connais pas tous). C'est une façon d'appréhender le monde, d'y poser un regard tantôt amusé, tantôt tendre, parfois indigné, mais jamais désabusé.

Sur son dernier album, Reinhard Mey a dédié une chanson magnifique à son fils Max. Une chanson dans laquelle il dit qu'il est bien décidé à le « zurücklieben in die Welt ». C'est une expression magnifique, qu'on a du mal à traduire en français. Cela donne quelque chose du style « ramener dans le monde par son amour ». C'est mille fois plus joli en allemand. Un verbe pour tout dire ! C'est ça que j'aime tant avec cette langue !

Dès que possible, je me procurerai « Mairegen ». J'ai un peu peur d'être sonnée à l'écoute de cet album aux accents tragiques...

 

 

Je dédie cette note à ma maman, qui aimait beaucoup Reinhard Mey. Et je la dédie aussi à ce chanteur magnifique et à sa famille.

 

11/11/2011

Einerseits ist alles ganz einfach...

... Wenn nur das Andererseits nicht wäre !

Einerseits ist alles ganz einfach, c'est le titre sous lequel ont été regroupées, dans un livre, quelques-unes des chroniques que Julia Karnick a écrites pour la revue Brigitte. Oui, j'achète régulièrement Brigitte, c'est toujours une mine de vocabulaire ! Et même, je vais vous confier un secret : depuis quelques années déjà, j'achète le Brigitte pour la femme de plus de quarante ans !!!! Et c'est toujours avec joie que je lis les chroniques de Julia Karnick. Ses petits billets d'humeur font du bien. Tantôt, c'est son mari qui en prend pour son grade, tantôt ce sont ses enfants, ou bien encore la vie de famille d'une façon générale. Le plus souvent, c'est elle, et c'est cette auto-dérision qui me plaît plus que tout !

Julia Karnick est hilarante lorsqu'elle raconte qu'un jour, arrivée dans un hôtel avec ses deux enfants, elle a mis la télé et est tombée sur un film porno. Elle explique qu'elle a fait de grands gestes pour cacher l'écran, le temps de comprendre comment on éteignait cette foutue télé ! Elle ajoute qu'elle est bien contente d'être rondouillette et d'avoir eu, de ce fait, plus d'aisance qu'une femme plus mince pour camoufler l'écran ce jour-là !

Julia Karnick me fait rire aussi lorsqu'elle avoue sans vergogne qu'elle n'a jamais trop aimé les enfants en bas âge. Qu'en tant que maman, elle s'est beaucoup énervée sur ses mômes. Et de raconter de manière savoureuse toutes les bêtises des mômes en question. Tout à coup, je me sens moins seule ! Car les âneries de gosses, ça me connaît, j'en fais le tour chaque jour. Et, de ce point de vue-là, mes deux filles ne sont pas en reste !!! Et les scènes d'explosion, ça me connaît aussi. Parfois, oui, moi aussi, je sature, je n'en peux plus d'entendre des cris partout dans la maison. Parfois, je balise aussi de ne pas en entendre, c'est que cela cache quelque chose. Tout cela, Julia Karnick connaît aussi et elle le raconte avec beaucoup d'humour.

Nous avons un autre point commun, elle et moi : c'est une grande lectrice. Dans une chronique, elle dit d'ailleurs que quand son fils est né, elle s'est adressée à lui en lui disant qu'il avait le droit de porter un jour des cravates roses, le droit de devenir un homme d'affaires, ou même un amoureux des sports extrêmes, mais qu'une chose lui était interdite : ne pas aimer lire !

Il ne me reste malheureusement plus à siroter qu'une soixantaine de pages de cet ouvrage incroyablement bienfaisant ! Qu'est-ce que c'est agréable de se sentir comprise par au moins une autre femme !!! Je retourne vite à ma lecture, et même : je vais bientôt commander un autre recueil des chroniques de Julia !!!