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17/04/2016

Fritz Bauer, un héros allemand

Nous sommes dans les années 50, en Allemagne. Konrad Adenauer est au pouvoir, le miracle économique redresse le pays. Le peuple semble tourné vers l'avenir et vouloir enterrer rapidement un passé terrifiant. C'est dans ce contexte qu'un certain Fritz Bauer, procureur général, décide de faire la chasse aux anciens nazis qui ont recouvré une entière liberté à l'autre bout du monde. Mû par un sens profond de la justice, il voue sa vie à cette traque. Et voilà qu'un jour, il reçoit un courrier venu d'Argentine et l'informant qu'Adolf Eichmann se cacherait dans ce pays. Fritz Bauer se met alors à remuer ciel et terre pour que justice soit faite. Mais il ne fait pas bon agiter certains spectres dans une Allemagne où il n'est pas rare de trouver d'anciens nazis à des postes élevés dans la société. Ainsi Hans Globke, le secrétaire d'Etat de Konrad Adenauer...

Fritz Bauer dérange, il fait peur à tous ceux qu'une confrontation avec le passé pourrait mettre en mauvaise posture. Pour le déstabiliser, certains vont fouiller dans sa vie privée, lui chercher des poux ... et en trouver. Fritz Bauer serait homosexuel, voilà qui fait de lui un paria. C'est que dans l'Allemagne du miracle économique, sévit encore l'article 175 ("Schwulenparagraf"), durci sous le Troisième Reich. Cet article condamne lourdement les pratiques homosexuelles, les peines encourues vont jusqu'à cinq ans de prison (soit dit en passant : cette loi ne sera abolie qu'en 1994). Karl Angermann, collaborateur et ami de Fritz Bauer (un personnage fictif, apparemment), aurait lui aussi des tendances homosexuelles.

Bref, la tâche dans laquelle s'est lancée Fritz Bauer est bien lourde... Le film retrace le véritable parcours du combattant qu'il a dû traverser (Burghart Klaussner incarne avec brio ce personnage assoiffé de justice) et rend hommage à un homme sans qui Eichmann aurait peut-être continué durant de longues années à couler des jours paisibles en Argentine...

Pour finir, quelques mots de Fritz Bauer : "Deutschland ist heute stolz auf sein Wirtschaftswunder. Es ist auch stolz, die Heimat Goethes und Beethovens zu sein. Aber Deutschland ist auch das Land Hitlers, Eichmanns und ihrer vielen Spießgesellen und Mitläufer. Wie aber der Tag aus Tag und Nacht besteht, hat auch die Geschichte eines jeden Volkes ihre Licht- und Schattenseiten. Ich glaube, dass die junge Generation in Deutschland bereit ist, die ganze Geschichte, die ganze Wahrheit zu erfahren, die zu bewältigen ihren Eltern allerdings mitunter schwer fällt".

09/12/2015

Léon und Louise, ein wunderschöner Roman von Alex Capus

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Voilà un livre dans lequel il faudrait se plonger à chaque fois que l’on ne croit plus à l’amour !! Pour ma part, c’est la deuxième fois que je le lis !! N’allez pas imaginer pour autant que je ne crois plus à l’amour, à sa force qui nous porte, à sa légèreté qui nous envoie, comme le dit si joliment la langue allemande, des papillons dans le ventre ! C’est juste que de temps en temps, j’ai besoin de lire de belles histoires !!

Cette belle histoire-là, c’est celle de Léon et Louise. Ils se rencontrent quand ils sont en pleine jeunesse. On pourrait croire que tout va leur sourire, qu’ils vont vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants, mais la Première Guerre mondiale fait rage et va les séparer. A la fin de la grande boucherie, Léon croit que Louise est morte. Il fait tant bien que mal son deuil. En fait, non, il ne fait pas son deuil, il le porte en lui comme une plaie béante. Il finit pourtant par se marier. Sa femme, Yvonne, est peut-être un peu simple, mais elle a au fond du ventre comme un étrange sentiment, cette triste intuition qu’ont tous les êtres qui savent bien qu’on leur préfère quelqu’un d’autre. Elle essaie d’en prendre son parti, mais elle souffre, elle se ronge tantôt en silence, tantôt en tonitruant. Léon lui dit que le temps jouera peut-être en leur faveur, que les choses vont finir par se mettre en place entre eux. Ce à quoi Yvonne répond qu’il ne faut pas rêver, que ce qui n’est pas donné dès le départ ne tombera jamais du ciel. Une vérité imparable malheureusement. Nous sommes tous (ou disons presque tous, car il y a des chanceux en ce monde !!), passés par des histoires de quatre sous, que nous croyions faites pour les palaces, et nous nous sommes tous ratatinés dans le ruisseau, le palace étant vite devenu un cachot hanté par la vermine… Nous avons tous fait travailler notre imagination pour parer des plus beaux atours des relations vouées aux guenilles. Romain Gary a écrit de magnifiques lignes là-dessus et il faudrait les relire à chaque fois que l’on sent au fond de soi qu’on « se la raconte », à chaque fois que nous nous laissons embringuer dans une histoire que nous prétendons absolument pure tout en la sentant déjà merdique !! Bref… Donc, Léon ne peut oublier Louise, il n’y a qu’avec elle qu’il a connu le grand frisson. Il sait son parfum par cœur et par corps, il redessine les courbes de sa chevelure quand il ne trouve pas le sommeil. Dans le lit, il s’installe le plus loin possible de sa femme pour être au plus près de ses rêves, et c’est d’une tristesse innommable, et c’est pourtant d’une incroyable banalité !

Jusqu’au jour où Louise que l’on croyait morte réapparaît comme un miracle…

Si l’amour vous semble être le pays où l’on n’arrive jamais, ce livre peut redonner du souffle à vos espérances endormies, il peut reconstruire des ailes à vos songes estropiés, et ce n’est peut-être pas tout à fait inutile ! Je crois que la littérature est là pour nous indiquer la voie à suivre quand la nuit se fait trop épaisse. Je crois que c’est une torche qui réchauffe ! Je sais en tout cas que sans les livres, ma vie serait sans joie.

07/05/2015

Non à la réforme du collège !

 

Comme beaucoup d’enseignants, je suis dépitée à l’heure qu’il est. J’enseigne l’allemand depuis 19 ans. Dès le début, cela a été compliqué, il a souvent fallu batailler pour avoir des élèves, aller porter la « bonne parole » dans les écoles primaires afin d’informer les gamins, mais aussi leurs enseignants et leurs parents. Combien de fois a-t-il fallu les rassurer ! Non, l’allemand n’est pas si difficile que ça, il suffit d’appliquer des règles de grammaire qui ne comportent pas beaucoup d’exceptions, et le tour est joué. Il suffit aussi, surtout, de bien vouloir se débarrasser de quelques préjugés que personnellement je trouve d’un autre âge. Des préjugés qu’on a enracinés dans la tête du peuple à coups de films où toujours les Allemands sont caricaturés, beuglant des ordres à la manière de Hitler. Comment convaincre ensuite ce même peuple que la langue de Goethe est d’une grande poésie et d’une richesse inimaginable ? Les médias font un travail de sape, les parents d’élèves gardent parfois un souvenir douloureux de leurs cours d’allemand et ne souhaitent pas « infliger » la même chose à leurs chérubins. De grâce, comme disaient les anciens, si tu n’aimes pas la soupe, n’en dégoûte pas les autres ! Et si la réelle ouverture d’esprit consistait justement à laisser son gamin s’aventurer là où l’on a soi-même échoué ? Qui sait, peut-être y prendra-t-il du plaisir ! Pour ma part, je n’ai jamais été brillante en maths (c’est un doux euphémisme), mais jamais je n’ai tenté d’en dégoûter ma fille, pour qui cette matière est un jeu plus qu’un embrouillamini de problèmes ! Je suis amusée, et même ravie, de la voir s’appliquer avec plaisir à faire ses exercices de maths ! Bref…

La langue de Goethe n’a plus bonne presse, et le phénomène ne date pas d’hier. Déjà quand je me suis décidée pour des études d’allemand, certains avaient essayé de me dissuader de faire ce choix, les postes au Capes étant limités du fait du manque d’engouement pour cette langue. Je me suis obstinée parce que je ne me voyais pas faire autre chose. Cette langue m’avait conquise, prise dans ses mots à rallonges contenant leur propre définition, alors impossible de faire marche arrière, même si par ailleurs j’adorais également l’italien et aimais beaucoup l’anglais !

Le système scolaire a tenté de multiples opérations de sauvetage de l’allemand. On a vu fleurir il y a une dizaine d’années des ludothèques, des sections européennes et des classes bilangues dans des établissements où l’allemand commençait à battre de l’aile. Cela a permis de sauver des postes, mais surtout cela a permis de maintenir un peu de diversité dans le tout anglais et le trois quarts espagnol !

Et voilà qu’une énième réforme de l’enseignement est sur le point de venir saper tous ces dispositifs. Si l’on supprime les sections européennes, quels élèves pourront suivre un cursus Abibac ? Uniquement les enfants ayant eu la chance de grandir dans un milieu totalement bilingue ? Ce serait en contradiction totale avec la soi-disant volonté du gouvernent de mettre fin à l’élitisme. Et quoi ? Dans cinq ans, quand on verra que les effectifs diminuent dans les sections Abibac, on mettra la clé sous la porte, arguant du manque d’engouement pour ce genre de dispositif.

Comme l’a très bien dit l’ADEAF, cette réforme met en péril la collaboration franco-allemande. Cela fait des années qu’on nous rebat les oreilles avec le couple franco-allemand, moteur de l’Europe, mais la réalité ne s’accorde pas avec les beaux discours officiels qui nous enfument. De même, la Ministre nous ment quand elle prétend que cette réforme est une chance. Elle dit que les élèves qui ont commencé l’allemand à l’école primaire pourront continuer cette langue au collège. Il faut savoir que les écoles primaires proposant de l’allemand sont de plus en plus rares. Seuls les départements de la Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin résistent, grâce à leur situation géographique. Mais en Meurthe-et-Moselle, dans la Meuse et les Vosges, départements qui ne sont pourtant pas si loin de l’Allemagne, rares sont les écoles primaires qui proposent de l’allemand ! Les propos de madame Vallaud-Belkacem ne tiennent donc pas la route. Hier, j’ai assisté à deux tables rondes au Goethe-Institut de Nancy. Ordre du jour : la réforme du collège. Tous les enseignants présents dans la salle avaient les mêmes inquiétudes, et je ne pense pas que les interventions des uns et des autres aient été de nature à les rassurer !

Outre-Rhin, on s’inquiète aussi. Et je dirais même qu’on va finir par nous prendre pour des charlots ! Quand un gouvernement célèbre chaque 22 janvier avec son voisin un traité comme celui de l’Elysée, quand ce même gouvernement reconduit d’année en année les engagements pris en 1963 par de grands hommes, il n’a pas le droit, me semble-t-il, d’aller donner ensuite de tels coups de canif dans le contrat, réels coups de poignard dans le dos, oui !

Il faut se mobiliser et continuer à refuser cette réforme qui va faire un massacre dans une Ecole déjà terriblement fragile. Je ne parle pas que du désastre qui va s’abattre sur ma matière, je pense également à toutes les disciplines que l’on va abîmer pour de longues décennies.

Alors, chers collègues, le 19 mai, tous dans la rue ! Et il faut bien expliquer les tenants et aboutissants de cette réforme aux parents, qu’ils n’aillent pas dire que les enseignants sont toujours en grève, rois de l’immobilisme, réfractaires à toute réforme. A bon entendeur salut !