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30/10/2007

Attendre...

Petite parenthèse dans la vie de Goethe. Ce matin, je vous propose un texte que je trouve magnifique. Il est de Heinrich Spoerl (1887-1955). Il s'agit d'une très belle réflexion sur l'attente et la patience... A méditer, en ces jours où, comme moi, de nombreux admirateurs de Thiéfaine attendent impatiemment la sortie de l'album "Amicalement blues" !!!

 

Als ich einmal warten musste, habe ich mir ein Märchen erdacht : Es war einmal ein junger Bauer, der wollte seine Liebste treffen. Er war ein ungeduldiger Gesell und viel zu früh gekommen. Und verstand sich schlecht aufs Warten. Er sah nicht den Sonnenschein, nicht den Frühling und die Pracht der Blumen. Ungeduldig warf er sich unter einen Baum und haderte mit sich und der Welt.

 

Da stand plötzlich ein graues Männlein vor ihm und sagte : Ich weiß, wo dich der Schuh drückt. Nimm diesen Knopf und nähe ihn an dein Wams. Und wenn du auf etwas wartest und dir die Zeit zu langsam geht, dann brauchst du nur den Knopf nach rechts zu drehen, und du springst über die Zeit hinweg bis dahin, wo du willst.

 

Das war so recht nach des jungen Burschen Geschmack. Er nahm den Zauberknopf und machte einen Versuch und drehte : und schon stand die Liebste vor ihm und lachte ihn an. Das ist schön und gut, dachte er, aber mir wäre lieber, wenn schon Hochzeit wäre. Er drehte abermals : Und saß mit ihr beim Hochzeitsschmaus, und Flöten und Geigen klangen um ihn. Da sah er seiner jungen Frau in die Augen : Wenn wir doch schon allein wären. Wieder drehte er heimlich, und da war tiefe Nacht und sein Wunsch erfüllt. Und dann sprach er über seine Pläne. Wenn unser neues Haus erst fertig ist – und drehte von neuem an dem Knopf : da war Sommer, und das Haus stand breit und leer und nahm ihn auf. Jetzt fehlen uns noch die Kinder, sagte er, und konnte es wiederum nicht erwarten. Und drehte schnell den Knopf : Da war er älter und hatte seine Buben auf den Knien, und Neues im Sinn und konnte es nicht erwarten. Und drehte, drehte, dass das Leben an ihm vorbeisprang, und ehe er sich’s versah, war er ein alter Mann und lag auf dem Sterbebett. Nun hatte er nichts mehr zu drehen und blickte hinter sich. Und merkte, dass er schlecht gewirtschaftet hatte. Er wollte sich das Warten ersparen und nur die Erfüllung genießen, wie man Rosinen aus einem Napfkuchen nascht. Nun, da sein Leben verrauscht war, erkannte er, dass auch das Warten des Lebens wert ist und erst die Erfüllung würzt. Was gäbe er darum, wenn er die Zeit ein wenig rückwärts schrauben könnte ! Zitternd versuchte er den Knopf nach links zu drehen. Da tat es einen Ruck, er wachte auf und lag noch immer unter dem blühenden Baum und wartete auf seine Liebste. Aber jetzt hatte er das Warten gelernt. Alle Hast und Ungeduld war von ihm gewichen; er schaute gelassen in den blauen Himmel, hörte den Vöglein zu und spielte mit den Käfern im Grase. Und freute sich des Wartens.

 

 

27/10/2007

Goethe (suite)

Goethe n'est plus le jeune auteur de Werther porté à l'excès et à la démesure. "Car avec les dieux / Ne doit jamais se mesurer / Aucun homme". Son amour de la nature n'est plus celui, douloureux et sans espoir, de Werther, mais plutôt le désir de donner à sa vie et à son oeuvre l'ordre et l'harmonie qui règnent dans l'univers : "Sur tous les sommets / S'étend le repos / Dans la cime des arbres / On sent / A peine un souffle / Les oiseaux se taisent dans la forêt / Attends un peu / Bientôt tu auras aussi le repos". Il doit, pour une part, cette sensibilité et cette sérénité nouvelles à Charlotte von Stein, qu'il loue de l'avoir guéri de ses folles extravagances. La liaison - sans doute plutôt idylle passionnée qu'amour physique - avec cette femme mariée, de sept ans son aînée, durera dix ans. Goethe écrit pour elle quelques-uns de ses plus beaux poèmes, tels que le Gesang der Geister über den Wassern ("Chant des esprits au-dessus des eaux") ou le célèbre Erlkönig ("Le Roi des Aulnes") : "Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent? / C'est le père avec son enfant".

 

Nous sommes en septembre 1786. Goethe a trente-sept ans. Il est riche, célèbre. On s'apprête à publier une édition complète de ses oeuvres. Mais il étouffe à Weimar. Sans en dire un mot à Charles-Auguste, ni à Charlotte - qui ne le lui pardonnera pas - il s'enfuit et prend le chemin de l'Italie. Après Venise et Bologne, il s'installe à Rome, puis séjourne à Naples et en Sicile et revient enfin à Rome qu'il ne quittera plus que pour rentrer en Allemagne en 1788. Le voyage en Italie est une révélation. Goethe a le sentiment d'avoir enfin trouvé sa patrie d'élection : "J'ai l'impression d'être né ici, d'y avoir été élevé et de revenir maintenant d'un voyage au Groenland ou d'une chasse à la baleine". Les paysages, les couleurs, la langue et les coutumes : tout l'émerveille au "pays des citronniers en fleur" ("das Land, wo die Zitronen blühen") que chantera Mignon dans le Wilhelm Meister. A Rome il vit dans la compagnie des archéologues et des peintres. Il dessine et lit Winckelmann, le fondateur de l'histoire de l'art et de l'archéologie modernes. Dans les musées, il découvre Claude le Lorrain et Poussin ainsi que la statuaire grecque. Goethe fait alors siens les canons du classicisme et de la beauté antique. Il n'en changera plus et cherchera désormais à promouvoir un nouvel art allemand, inspiré de l'antique. "Une chose est sûre : les artistes antiques ont une profonde connaissance de la nature. Ces grandes oeuvres ont été réalisées par des hommes, comme les plus sublimes oeuvres de la nature, d'après les lois vraies et naturelles. Tout arbitraire, tout imaginaire en sont absents. C'est la nécessité, c'est Dieu".

 

Et je ne résiste pas à l'envie de vous mettre ici l'équivalent allemand (bien plus beau, d'ailleurs !) de "Sur tous les sommets / S'étend le repos", etc, vers cités au début de cette note.

Voici : EIN GLEICHES

Über allen Gipfeln

Ist Ruh,

In allen Wipfeln

Spürest du

Kaum einen Hauch;

Die Vögelein schweigen im Walde.

Warte nur, balde

Ruhest du auch.

18/10/2007

Goethe

En 1775, Goethe est invité à Weimar par le grand-duc Charles-Auguste de Saxe-Weimar. Une grande complicité s'établit bientôt entre le souverain et le poète. De fêtes en chasses et en randonnées dans les montagnes avoisinantes, les deux jeunes gens mènent joyeuse vie. Très vite, Charles-Auguste associe Goethe aux affaires de l'Etat. Nommé conseiller du grand-duc, il se voit confier des fonctions de plus en plus importantes, dont la responsabilité des Ponts et Chaussées. Il contribue, à ce titre, à l'amélioration du réseau routier et remet en activité des mines abandonnées. Mais il prend avant tout une part décisive à la politique culturelle du royaume et va contribuer à faire de Weimar -"l'Athènes du Nord"- le principal centre littéraire et artistique de l'Allemagne. S'y croiseront Herder, Schiller, Friedrich et August Schlegel, Novalis, les frères Humboldt et bien d'autres. Véritable ministre de la Culture, il a la tutelle de toutes les institutions culturelles du royaume : bibliothèques, théâtres, universités. L'université d'Iéna, qui dépend du duché et devient au tournant du sicèle, avec Fichte, Schelling et Hegel, l'un des principaux foyers de la philosophie allemande, lui doit, dans une large mesure, son développement et son éclat. Et lorsque Charles-Auguste décide de doter Weimar d'un nouveau théâtre, il en confie tout naturellement la direction artistique à Goethe qui en fera l'une des premières scènes d'Allemagne. Outre ses propres pièces -Iphigénie en Tauride (1779), Egmont (1787), Torquato Tasso (1798)- et celles de Schiller, il y fait jouer Shakespeare, Racine et les tragiques grecs.