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27/10/2007

Goethe (suite)

Goethe n'est plus le jeune auteur de Werther porté à l'excès et à la démesure. "Car avec les dieux / Ne doit jamais se mesurer / Aucun homme". Son amour de la nature n'est plus celui, douloureux et sans espoir, de Werther, mais plutôt le désir de donner à sa vie et à son oeuvre l'ordre et l'harmonie qui règnent dans l'univers : "Sur tous les sommets / S'étend le repos / Dans la cime des arbres / On sent / A peine un souffle / Les oiseaux se taisent dans la forêt / Attends un peu / Bientôt tu auras aussi le repos". Il doit, pour une part, cette sensibilité et cette sérénité nouvelles à Charlotte von Stein, qu'il loue de l'avoir guéri de ses folles extravagances. La liaison - sans doute plutôt idylle passionnée qu'amour physique - avec cette femme mariée, de sept ans son aînée, durera dix ans. Goethe écrit pour elle quelques-uns de ses plus beaux poèmes, tels que le Gesang der Geister über den Wassern ("Chant des esprits au-dessus des eaux") ou le célèbre Erlkönig ("Le Roi des Aulnes") : "Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent? / C'est le père avec son enfant".

 

Nous sommes en septembre 1786. Goethe a trente-sept ans. Il est riche, célèbre. On s'apprête à publier une édition complète de ses oeuvres. Mais il étouffe à Weimar. Sans en dire un mot à Charles-Auguste, ni à Charlotte - qui ne le lui pardonnera pas - il s'enfuit et prend le chemin de l'Italie. Après Venise et Bologne, il s'installe à Rome, puis séjourne à Naples et en Sicile et revient enfin à Rome qu'il ne quittera plus que pour rentrer en Allemagne en 1788. Le voyage en Italie est une révélation. Goethe a le sentiment d'avoir enfin trouvé sa patrie d'élection : "J'ai l'impression d'être né ici, d'y avoir été élevé et de revenir maintenant d'un voyage au Groenland ou d'une chasse à la baleine". Les paysages, les couleurs, la langue et les coutumes : tout l'émerveille au "pays des citronniers en fleur" ("das Land, wo die Zitronen blühen") que chantera Mignon dans le Wilhelm Meister. A Rome il vit dans la compagnie des archéologues et des peintres. Il dessine et lit Winckelmann, le fondateur de l'histoire de l'art et de l'archéologie modernes. Dans les musées, il découvre Claude le Lorrain et Poussin ainsi que la statuaire grecque. Goethe fait alors siens les canons du classicisme et de la beauté antique. Il n'en changera plus et cherchera désormais à promouvoir un nouvel art allemand, inspiré de l'antique. "Une chose est sûre : les artistes antiques ont une profonde connaissance de la nature. Ces grandes oeuvres ont été réalisées par des hommes, comme les plus sublimes oeuvres de la nature, d'après les lois vraies et naturelles. Tout arbitraire, tout imaginaire en sont absents. C'est la nécessité, c'est Dieu".

 

Et je ne résiste pas à l'envie de vous mettre ici l'équivalent allemand (bien plus beau, d'ailleurs !) de "Sur tous les sommets / S'étend le repos", etc, vers cités au début de cette note.

Voici : EIN GLEICHES

Über allen Gipfeln

Ist Ruh,

In allen Wipfeln

Spürest du

Kaum einen Hauch;

Die Vögelein schweigen im Walde.

Warte nur, balde

Ruhest du auch.

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