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01/10/2010

Pourquoi je lis

 

Depuis de nombreuses années, je suis abonnée au magazine Lire. Cela me permet de me tenir au courant de ce qui se fait en littérature contemporaine, c'est ma petite bouffée d'air frais qui arrive chaque mois au courrier, c'est François Busnel dans ma boîte aux lettres, et parfois je m'y crois à mort, j'ai presque l'impression que c'est François lui-même qui m'écrit, qui a pris le temps de peaufiner une petite bafouille à mon intention. Le bonheur est fait de choses minuscules... Et d'illusions ! Dans le magazine Lire, je me précipite toujours sur la chronique de Frédéric Beigbeder. Parce que je le trouve de bon conseil en matière de littérature (pour le reste, je ne me prononcerai pas !!). Il y a même des jours où je me sens drôlement proche de ce type-là. Ainsi ce matin, lorsque j'ai découvert sa dernière chronique, joliment intitulée « Pourquoi je lis », et dont voici un extrait :

 

 

Je lis parce que la vie ne me suffit pas (comme disait Pessoa).

Je lis pour m'empêcher de dire des bêtises aux femmes.

Je lis pour ne pas regarder Secret Story.

Je lis pour être ailleurs.

Je lis pour devenir toi.
Je lis parce que c'est la seule activité au monde qui permette d'être à la fois seul et accompagné.

Je lis pour déménager dans la tête de Montaigne.

Je lis pour que Flaubert me parle de la mélancolie des paquebots.
Je lis comme Gide écrit Paludes : pour que d'autres m'expliquent pourquoi je lis.

Voilà : je lis pour que Montaigne, Flaubert et Gide m'apprennent qui je suis.

Je lis parce que c'est une chance d'avoir des interlocuteurs aussi âgés : Montaigne 477 ans, Flaubert 189 ans, Gide 141 ans.
Je lis pour écouter les morts.

Je lis pour que Frédéric Berthet me dise ceci : « J'ai des souvenirs comme un défilé de mode, une mémoire comme un soir de cocktail, je n'évolue jamais dans ma chronologie sans avoir un verre à la main. Se souvenir, c'est comme sortir ».

Mais je lis aussi pour entendre des vivants.

Je lis pour que Pierre Ducrozet commence son premier roman par ces deux phrases : « J'en étais alors à me regarder pousser les cheveux. Le soleil commençait à m'emmerder sérieusement, et la pluie aussi. »

Je lis parce que Mathieu Terence défend le mot « pénombre ».

Je lis parce que Mathieu Terence, comme Charles Dantzig, comme Sartre avec Les mots, a lui aussi ressenti le besoin de bâtir son panthéon de lecteur, parce que des mecs de trente ou quarante ans continuent de croire que lire mérite le détour en 2010, et que ce choix bizarre est un choix de résistant.
Je lis pour ne pas vieillir.

Je lis pour échapper à la société autant qu'à moi-même.

Je lis pour être libre.

Je lis pour ne pas être dérangé.

Je lis pour ne pas répondre au téléphone.

Je lis pour ne plus être ici mais là-bas.
Je lis sans raison.
Je lis pour lire.

 

Merci, Fred, vraiment ! Quelle belle chronique !

Moi qui lis beaucoup, moi qui lis sans cesse, moi qui lis comme je respire, moi qui lis pour respirer, toujours et en tous lieux, tout ce qui me tombe sous les yeux, j'ai envie de pondre aussi mon « Pourquoi je lis » :

Je lis parce que la vie telle qu'elle est me laisse sur ma faim. Pas assez de poésie dans ce monde de brutes !

Je lis pour que Schlink me pose des questions fondamentales auxquelles je ne saurai jamais répondre.

Je lis pour m'enivrer, pour m'enlivrer. Pour m'enivrer de mots. Oui, parfois, je me soûle de mots, et je titube presque tant la joie de lire me met en goguette !

Je lis pour oublier qu'un jour je vais mourir. Je lis pour apprendre que d'autres avant moi (ou en même temps que moi) ont eu cette angoisse. Je lis pour tenter d'apprivoiser cette angoisse-là, tenace et lancinante.
Je lis pour tomber amoureuse de Romain Gary... ou d'un autre demain.

Je lis pour fuir, là-bas, fuir, toujours fuir ! Pour échapper à la trivialité de la vie.
Je lis pour ne pas sombrer.

Pour, parfois, l'espace d'un court instant seulement, oublier que ma mère est morte et que cette foutue réalité-là est irrémédiable. Irréversible.

Je lis parce je n'ai pas le choix. Je suis tombée dedans quand j'étais môme, Flaubert m'a ouvert les bras quand j'avais treize ans, Le grand Meaulnes m'a fait frémir peu de temps après, et je n'ai jamais oublié ces émotions-là. Irremplaçables.

Je lis parce que je veux rester fidèle à cette enfant que je fus et qui, sur la dernière page des Contes bleus du chat perché, avait écrit naïvement : « Ce livre était beau. Merci maman et Marcel Aymé » !

Commentaires

Montesquieu : "L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté".

José Cabanis : "On est assuré de n'être jamais complètement malheureux, quand on a découvert très tôt le bonheur de lire. On en a pour la vie".

Écrit par : Cath | 01/10/2010

•Ce n’est pas pour me vanter,
Disait la virgule,
Mais, sans mon jeu de pendule,
Les mots, tels des somnambules,
Ne feraient que se heurter.

•C’est possible, dit le point.
Mais je règne, moi,
Et les grandes majuscules
Se moquent toutes de toi
Et de ta queue minuscule.

•Ne soyez pas ridicules,
Dit le point-virgule,
On vous voit moins que la trace
De fourmis sur une glace.

•Cessez vos conciliabules.
Ou, tous deux, je vous remplace!
Maurice Carême (1899, 1978)

Écrit par : Le Doc. | 02/10/2010

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Écrit par : Le Doc. | 02/10/2010

Merci, Doc, pour ce beau texte ! C'est avec Maurice Carême que j'ai eu mes premiers "émois poétiques" ! Une dame était venue nous en parler à l'école primaire, j'avais à tout prix voulu acheter un recueil de Carême alors que je n'avais pas d'argent, j'avais fait des dettes auprès de la maîtresse !!!!!!

Écrit par : Cath | 02/10/2010

Très belle chronique en effet, et très belle aussi, TA chronique.
Bisous.

Écrit par : petit-jour | 04/10/2010

http://www.lexpress.fr/culture/livre/devenez-membre-du-jury-du-prix-du-livre-numerique-preside-par-bernard-werber_927615.html

Si tu aimes lire c'est peut-être l'occasion de découvrir des trucs qui ne sortiront pas forcement ...

Écrit par : loreleï2 | 15/10/2010

Je lis pour apprendre le monde.
Je lis pour comprendre le monde.
Je lis pour sortir de ma torpeur.
Je lis pour me rapprocher de toi.
Je lis car j'ai besoin de lire.
Je lis pour rire.
Je lis pour sourire.
Je lis pour pleurer.
Je lis pour trembler.
Je lis pour vivre.

Écrit par : Monsieur Müller | 28/08/2011

, je suis venu et j'ai lu .. peut-être bientôt dans l'Est Cath !...

Bon dimanche.

Écrit par : Le Doc. | 28/08/2011

J'aime bien votre blog, je vous laisse cette remarque pour vous encourager à le maintenir à jour.

Écrit par : bonus paris sportif en ligne | 12/05/2014

WOW, ça c'est un bon article, que et on vous laisse tout de suite cette remarque

Écrit par : match france honduras coupe du monde | 15/06/2014

Les commentaires sont fermés.