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26/02/2009

Encore une digression

 

C'est vraiment très con, un AVC. Déjà rien que le nom. Barbare. Accident vasculaire cérébral. Barbare, vous dis-je. Et l'abréviation ne l'est pas moins. AVC. Il y a même des gens dont c'est la plaque d'immatriculation !

J'avance pas à pas et lourdement dans ce qu'il convient d'appeler mon deuil. Je fais bonne figure, j'essaie de faire bonne figure. Pour les enfants, pour tous ceux que finiraient par lasser de kilométriques jérémiades (et encore, de ce côté-là, je suis bien entourée, et nul ne m'a jamais fait sentir la moindre lassitude à m'écouter). Pour la vie qui, cette salope, continue quand même. Même si ma maman n'est plus de ce monde. Nul n'est indispensable, dit-on. Mais pour chacun d'entre nous qui perd un être proche et cher, très cher à son coeur, cet être était indispensable. A un certain équilibre. Indispensable à la joie, la vraie, celle qui vous étreint de haut en bas et prend possession de toutes vos tripes. Pour moi, désormais, toute joie sera toujours ternie par ceci : elle n'est plus là. Je ne la reverrai plus jamais. Ni sur cette terre, ni même ailleurs puisque Dieu c'est encore une idée de gosse, un coup de commerce, une immense supercherie. Dieu, s'il existe, mais c'est un foutu monstre, oui ! En définitive, ne vaut-il mieux pas qu'il ne soit pas ? Qui a dit : « Je respecte trop l'idée de Dieu pour le rendre responsable d'un monde aussi absurde » ? Je ne sais plus. Mais quelqu'un l'a dit. Et, comme chante l'ami Renaud, « c'est pas le dernier des imbéciles, celui qui a dit ça » !

Faire son deuil, faire le deuil de quelqu'un, c'est faire mille deuils en somme. Je fais chaque jour le deuil de ce qui fut et ne sera plus jamais. Je fais le deuil de son sourire, le deuil de nos longues conversations, le deuil de nos projets, le deuil de nos envies d'aller prendre l'air à Berlin, le deuil de la mamie de mes enfants. Le deuil du printemps avec elle, à la regarder cultiver sagement son jardin. A sentir le vent frais nous caresser les narines et le soleil nous émoustiller les mirettes. Le deuil de ses coups de folie, quand pour mes filles, elle dansait au milieu du salon. Comme je l'aimais dans ces moments-là ! Comme je me sentais proche d'elle, moi qui suis capable des mêmes folies ! Comme elle me faisait rire, avec ses audaces de grande timide, quand soudain elle faisait un truc auquel personne ne s'attendait !

Mon Dieu (mais pourquoi j'écris « mon Dieu », c'est de la foutaise, je l'ai dit !), comme je suis fière d'elle ! Comme elle a lutté contre la mort pendant presque sept semaines ! Je suis sûre qu'elle n'avait pas envie de partir si vite, si tôt. Sûre qu'elle aurait aimé revoir le printemps, l'été, faire ses confitures, ses bocaux, engranger des provisions pour l'hiver. Et m'en filer plein. Et j'aurais mangé cela religieusement, me lançant dans mes sempiternelles litanies sur la nécessité de manger bio, de manger bien. Chez mon papa (ah oui, il me faut aussi faire le deuil de l'expression « chez mes parents »), il reste je ne sais combien de pots de confiture. Je ne sais pas ce qu'il faut en faire. Regarder les pots sur l'étagère, ne pas y toucher, c'est laisser des traces d'elle encore. Manger la confiture, c'est aller irrémédiablement vers le dernier pot. Et je ne sais pas si je suis capable d'endurer cela... Maman, tu me manques tellement ! Et c'est loin d'être fini...

17/02/2009

Der Vorleser

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Il est un auteur allemand que j'affectionne tout particulièrement : Bernhard Schlink. J'ai lu Der Vorleser il y a très exactement onze ans, et ce livre m'a bouleversée. La thématique renvoie au chapitre le plus sombre de l'histoire allemande, à savoir la période hitlérienne. Un adolescent s'éprend d'une femme bien plus âgée que lui (il a quinze ans, elle en a trente-cinq, je crois). Ils vivent une passion folle. Puis, cette femme, Hanna, disparaît sans laisser d'adresse. Le narrateur la retrouve des années plus tard dans une salle de tribunal : Hanna est accusée d'avoir servi le régime hitlérien. Plus que cela : d'avoir été elle-même une criminelle pendant cette période noire. S'ensuivent des questions qui ébranlent totalement le narrateur, et celle-ci en particulier : est-il coupable, lui aussi, parce qu'il s'est commis avec une femme de cette espèce ?

Ce livre a été traduit en français sous le titre suivant : Le liseur. A lire absolument ! On est captivé dès les premières pages par cette histoire, qui sera d'ailleurs bientôt portée à l'écran. Quand ? Je ne sais pas exactement. Un film à ne pas rater non plus.

Un petit extrait en allemand pour vous mettre l'eau à la bouche (ou, si vous ne comprenez rien à ce qui va suivre, vous encourager à lire le roman en français !) :

« In der Schule war ich nicht gut und nicht schlecht; ich glaube, viele Lehrer haben mich nicht recht wahrgenommen und auch nicht die Schüler, die in der Klasse den Ton angaben. Ich mochte nicht, wie ich aussah, wie ich mich anzog und bewegte, was ich zustande brachte und was ich galt. Aber wieviel Energie war in mir, wieviel Vertrauen, eines Tages schön und klug, überlegen und bewundert zu sein, wieviel Erwartung, mit der ich neuen Menschen und Situationen begegnet bin.

Ist es das, was mich traurig macht ? Der Eifer und Glaube, der mich damals erfüllte und dem Leben ein Versprechen entnahm, das es nie und nimmer halten konnte ? Manchmal sehe ich in den Gesichtern von Kindern und Teenagern denselben Eifer und Glauben, und ich sehe ihn mit derselben Traurigkeit, mit der ich an mich zurückdenke. Ist diese Traurigkeit die Traurigkeit schlechthin ? Ist sie es, die uns befällt, wenn schöne Erinnerungen im Rückblick brüchig werden, weil das erinnerte Glück nicht nur aus der Situation, sondern aus einem Versprechen lebte, das nicht gehalten wurde ? »

 

16/02/2009

Die Geburt

"Die Geburt ist nicht ein augenblickliches Ereignis, sondern ein dauernder Vorgang. Das Ziel des Lebens ist es, ganz geboren zu werden, und seine Tragödie, dass die meisten von uns sterben, bevor sie ganz geboren sind. Zu leben bedeutet, jede Minute geboren zu werden. Der Tod tritt ein, wenn die Geburt aufhört". Erich FROMM