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09/09/2007

Merci, Bill !

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Ne nous voilons pas la face : nous, les profs d’allemand, sommes une espèce en voie d’extinction, au même titre que la tortue luth…    

Le désespoir ambiant est tellement prononcé que certains stages entre profs d’allemand ressemblent à de pathétiques thérapies de groupe. « Bonjour, je m’appelle Bidule, j’en suis à mon centième jour sans élèves ». « Bonjour, Bidule », s’écrie l’assemblée compatissante. Et chacun y va de ses petites jérémiades, de longs trémolos dans la voix…

Mais réjouissons-nous cependant. Car il y a une lueur d’espoir depuis quelque temps. Vous avez peut-être, vous avez sans doute, vous avez à coup sûr entendu parler dernièrement du groupe allemand « Tokio Hotel » ! Non ? C’est peut-être que vous n’avez pas d’enfant. Ou pas de nièce ado en pâmoison devant Bill ou je ne sais quel membre du fameux groupe !

Tokio Hotel a l’immense mérite d’avoir osé chanter en allemand ! Franchement, oui, à notre époque, cela a des allures de gageure !! Et, malgré cela (j’aimerais dire « grâce à cela » !!), le groupe a été propulsé très vite, en Allemagne comme à l’étranger, sur le devant de la scène ! Et figurez-vous que Tokio Hotel est en train, sans le savoir sans doute, de donner un sérieux coup de pouce aux pauvres profs d’allemand dont je suis ! Car grâce à ces jeunes gamins (ils ont entre 17 et 20 ans), l’allemand voit son blason se redorer tout doucement de jolies écailles brillantes ! Oui ! Et l’engouement pour la langue allemande serait en train de renaître… toujours grâce à Bill Kaulitz et à ses compagnons !

Pour tout vous avouer, je m’y suis moi-même mise cet été, à Tokio Hotel. D’abord pour faire plaisir à ma nièce. Et je dois dire que j’y ai pris goût. Ce qui d’abord n’était qu’un jeu (se tortiller comme Bill en hurlant son prénom comme une midinette !) a fait place à quelque chose de plus sérieux. J’ai lu quelques articles sur la petite troupe de Magdeburg et, sincèrement, je trouve que tout n’est pas à jeter dans son répertoire, loin de là.

Le coup de l’allemand qui revit un peu dans nos écoles grâce à Tokio Hotel, ce n’est pas du pipeau, je vous assure. D’ailleurs, il y a quelques jours, le journal L’Est Républicain a consacré un article au groupe allemand.
En voici un extrait :

« Chaussettes dans les Birkenstock et bière qui coule à flot, chars blindés et discipline rigide, les Français ont parfois la dent dure pour leurs voisins allemands. A la simple évocation du mot « allemand », la bouche se tord et dans une mimique prononce « halleuuumannd », le corps se raidit et tous les citoyens germaniques, pardon « gerrrmaniques » se transforment en bons petits soldats. Oui, mais voilà : la jeune génération en a décidé autrement et pourrait bien balayer les imaginaires des anciens : aux bruits des bottes succèdent aujourd’hui les guitares électriques et les visages émaciés, cheveux ras sont relayés par les yeux charbonneux et la coupe ébouriffée du chanteur de Tokio Hotel, Bill Kaulitz ».

Je connais même des adolescentes qui regrettent de n’avoir pas pu faire de l’allemand… tout cela pour les beaux yeux de Bill ou de… zut, je ne sais plus comment s’appellent les autres membres du groupe !

Tokio Hotel passe en concert à Amnéville le 26 octobre. C’est déjà complet, j’ai vu cela à la FNAC. Mais rien ne nous empêche, nous le bastion des derniers profs d’allemand, de nous rendre à l’entrée ce jour-là et de faire passer, par l’intermédiaire de midinettes en folie, des banderoles avec, écrit en gros, tout simplement : « Danke » !!!

01/09/2007

Les mots allemands racontent

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Si vous regardez régulièrement "Karambolage" (si ce n'est pas encore le cas, essayez donc demain, pour voir : 20 heures sur Arte), vous connaissez sans doute Waltraud Legros, linguiste autrichienne.
Il y a quelques années, Waltraud Legros a écrit un très beau livre intitulé L'avis des mots et sous-titré ainsi : Les mots allemands racontent. J'adore picorer au hasard des passages de ce livre qui rend un si bel hommage à la langue allemande. Hommage ô combien mérité, n'hésitons pas à le souligner !

Dans son ouvrage, Waltraud Legros s'emploie à expliquer l'origine de certains substantifs, de certains verbes, etc. Elle n'oublie pas, bien sûr, les petites pépites comme :

"Hilflosigkeit" : la "désaide". Il n'est pas certain, toutefois, que ce néologisme puisse évoquer tout ce que peut être die Hilflosigkeit pour un Allemand : un sentiment d'abandon, de détresse et de solitude, mais aussi une impuissance à venir en aide à quiconque, y compris et peut-être surtout à soi-même, d'où implicitement aussi un appel à l'aide...

mutterseelenallein, composé de -je traduis à rebours, comme il se doit- : seul / âme / mère et voulant dire : être très très seul. Or, il s'agit d'une "adaptation", d'abord du français "moi tout seul" -mutterseelen- auquel on a ajouté allein : seul, pour sauver le sens -à moins que ce ne soit pour exprimer, justement, le comble de la solitude...

die Seele : l'âme. Ce très beau mot allemand, die Seele, phonétiquement un véritable "souffle", semble tellement dire une entité première que l'on est loin d'imaginer qu'il puisse être dérivé de quoi que ce soit !

Or, c'est pourtant le cas : die Seele vient de der See : le lac. L'explication en est qu'autrefois, dans les pays germaniques, certains lacs étaient considérés comme le lieu où séjournaient les êtres avant la naissance et après la mort. L'adjonction d'un -lo, devenu -le, voulant dire : qui vient de..., qui fait partie de...

Alors, l'allemand, une langue de brutes?!!