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18/07/2007

B comme bienvenue (dans notre cirque un peu pervers!!) ou W comme Willkommen!

Oui, pourquoi pas un « dictionnaire amoureux de l’Allemagne » ? Ah, je sais, cela fait tout de suite moins accrocheur que « Dictionnaire amoureux de Venise » ou « Dictionnaire amoureux de l’Espagne ». Mais qu’à cela ne tienne ! C’est d’ailleurs justement en feuilletant le Dictionnaire amoureux de l’Espagne, il y a quelques semaines, que je me suis dit « : « Et pourquoi pas un dictionnaire amoureux de l’Allemagne ?». Voilà, c’est décidé : très modestement et à ma toute petite échelle, j’essaierai, sur ce blog, de vous présenter ma passion pour l’Allemagne, certains auteurs allemands, quelques villes allemandes, etc. Sans oublier certains mots ou expressions que j’apprécie particulièrement…

Tout d’abord, petit retour en arrière : on peut dire qu’entre l’allemand et moi, ce ne fut pas gagné dès le départ (exactement comme avec Thiéfaine, d’ailleurs !). Forcée par mes parents de faire allemand première langue en sixième, je me vis séparée de beaucoup de mes copines qui, elles, avaient eu la chance de faire anglais première langue ! Très vite, je pris l’allemand en grippe, ainsi que mon prof, qui tonitruait régulièrement, nous balançant à la bobine des « Donnerwetter » à tour de bras quand nous n’étions pas sages ! Je ne bossais pas des masses en allemand, il faut bien l’avouer ! Il y a quelques années, je suis retombée sur le carnet de correspondance que j’avais en cinquième. Assez fleuri, le truc ! Parmi les différents reproches écrits noir sur blanc par mes profs, celui-ci : « Cath n’apprend pas ses leçons d’allemand ». D’ailleurs, cette histoire avait déclenché une affaire d’Etat au bercail ! Je me souviens parfaitement que j’avais récolté ce mot doux un samedi matin. Tout le week-end, j’avais pétoché, ne sachant pas comment annoncer la terrible infamie à mes parents. Le lundi, avant d’aller choper le bus, j’avais dit à mon père, nonchalamment, comme en passant : « Ah, au fait, j’ai eu un mot dans le carnet, il faut que tu le signes ». Et mon père, têtu comme un Breton (qu’il est), avait refusé tout bonnement d’apposer sa signature au bas du mot doux !!!! Je ne sais plus trop comment s’est soldée l’affaire, toujours est-il que j’en suis quand même sortie vivante, malgré la sévérité de mon père et de mon prof d’allemand !!!

Mes trois autres années de collège ressemblèrent assez à la première… La découverte de l’anglais en quatrième me fit préférer illico cette langue. Ben oui !

Puis, arrivée en seconde. Comme je n’avais pas du tout la bosse des maths, j’optai d’emblée pour une filière littéraire. J’avais beau ne pas aimer follement l’allemand, je préférais quand même cette matière aux séries d’équations et autres joyeusetés auxquelles je n’ai jamais rien pigé !!! Très vite, ma prof d’allemand du lycée se lança dans des tirades d’amour concernant la langue qu’elle enseignait. Et, je ne sais pas pourquoi, son langage à elle me parla tout de suite. Elle disait : « Les mots allemands, ce sont des tiroirs ou des poupées russes. Vous prenez une poupée, et il y en a encore une autre à l’intérieur ». J’avais toujours été sensible à la poésie, et cette façon (hautement poétique, je trouve) de parler des mots allemands renversa complètement ma vision du monde ! J’avais toujours rêvé d’être prof… En première, le rêve s’affina : je serais prof d’allemand ! Ma moyenne d’allemand se mit soudain à s’envoler vers les hauteurs ! Pendant les vacances d'été, ma prof m’emmenait en Allemagne. Comme c'était une bonne soeur, mes parents lui vouaient une confiance aveugle!! Ils n'auraient peut-être pas dû, mais bon...

En 1991, j'entrai en fac d'allemand. Un peu difficile de me retrouver parachutée là avec des étudiants germanophones ou dialectophones (une des particularités de la Moselle) qui avaient tous un accent à vous faire tomber raide. Ce qui était loin d’être mon cas. Pour pallier mes déficits, je me dégotai, dans un premier temps, une correspondante allemande. Nous passions beaucoup de temps ensemble. Elle était incroyable, extrêmement farfelue, haute en couleur ! Elle mettait de l’exotisme dans mon petit patelin de 120 âmes et rivalisait d’originalité avec la correspondante italienne de ma voisine !!! Ensuite, en licence et en maîtrise, je partis poursuivre mes études au fin fond de l’ex-RDA, à Leipzig. Mon Dieu que cette ville était grise à l’époque ! J’avais rêvé d’y aller, tant, dans les livres en tout cas, elle brillait et resplendissait : de nombreux penseurs et poètes y avaient vécu. Sans oublier que le grand Jean –Sébastien Bach y avait également laissé son empreinte ! Sauf que quand je débarquai là-bas, je me sentis tout de suite mal. Je ne sais pas si on peut s’imaginer ce qu’était l’Allemagne de l’Est quand on n’en a pas foulé le sol. Quatre ans après la chute du mur de Berlin, le paysage de l’ex-RDA s’étalait encore comme une plaie ouverte. La folie de la rénovation faisait rage, mais moi je ne voyais que les innombrables bâtiments délabrés. Je vivais chez une dame assez incroyable dans son genre. Une communiste convaincue ! D’ailleurs, quand je quittai définitivement Leipzig, ma chère logeuse m’offrit un exemplaire du Manifeste du parti communiste !!

J’en bavai à mort pendant ces mois vécus à Leipzig. Mais, avec le recul, je me dis que cette expérience fut sans doute l’une des plus enrichissantes qu’il me fut donné de vivre. A la fac, j’eus le privilège de côtoyer des profs qui étaient descendus dans la rue en 1989 pour réclamer un peu plus de liberté. J’eus également la chance de découvrir la littérature d’Allemagne de l’Est. J’y reviendrai.

Voilà. Ensuite, très vite, ce fut l’enseignement. La joie, au départ, de me lancer dans ce métier dont je rêvais tant quand j’étais môme. Depuis, quelques petites déceptions me sont passées sur le paletot, mais je vais m’accrocher et continuer quand même, car la passion de l’allemand est belle et bien restée intacte, elle,  et peut-être que malgré ce que je crois dans mes moments d’accablement, j’ai encore un peu le feu sacré…

J’habite à très exactement 1h05 du panneau « Bundesrepublik Deutschland » ! Quand j’ai le blues, cette idée me console. Savoir que je peux, sur un coup de tête, me tirer en Allemagne fait partie de mes petits privilèges !!!!