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27/06/2013

Die hellen Tage

  C'est un livre qui donne envie de serrer son enfance dans ses bras pour la consoler d'être passée si vite. Un livre qui célèbre les jours clairs, ceux que l'été auréole d'un éclat trop vite éteint.

C'est l'histoire d'Aja, Seri et Karl. L'histoire qui les lie, mais aussi l'histoire qui constitue chacun d'eux. Tous les trois passent leur enfance à Kirchblüt. Aja vit un peu à l'écart du village, avec Evi, au beau milieu des champs de blé. De temps en temps, son père, Zigi, un artiste de cirque, vient leur rendre visite. Il ne reste jamais bien longtemps, il doit toujours s'en retourner très vite par monts et par vaux, pour gagner sa croûte et celle d'Evi et d'Aja.

Il y a aussi Seri, qui vit seule avec sa mère (son père est mort prématurément d'un infarctus). Et Karl, donc, dont le frère a disparu mystérieusement. Karl dont les parents ont sombré depuis dans un incommensurable chagrin. L'amitié qui lie Seri, Aja et Karl va soudain rejaillir sur leurs mères. Elles vont se confier les unes aux autres, s'épancher, vider leur sac. Et c'est Evi qui, au milieu du chaos, fait office de planche de salut. Elle qui ne sait ni lire ni écrire perçoit des choses essentielles que les autres ignorent. Dans ce microcosme brinquebalant, elle est la sagesse incarnée. L'épitaphe qui lui irait ? "Die hellen Tage behalte ich, die dunklen gebe ich dem Schicksal zurück" ("Je garde les jours clairs, les sombres, je les rends au destin"). La cabane dans laquelle vivent Aja et Evi va devenir le refuge des âmes malmenées. Ici, les choses se vivent et se disent simplement, sans chichis.

Voilà un livre si beau qu'on a la larme à l'oeil quand on le referme. Quoi, c'est déjà fini ? Voilà 541 pages qui répondent par la douceur et la poésie à la violence du destin. 541 pages écrites dans une langue ensorceleuse et câline. De temps à autre, par exemple, la mer avale le soleil. Les enfants grandissent, le destin les emmène flotter dans les airs comme des particules de poussière. C'est une langue majestueuse, et je tire d'avance mon chapeau au traducteur qui saura en rendre toute la poésie et la grandeur en français !

On repose ce livre à regret, bouleversé, incompris des siens. C'est que notre coeur est resté quelque part dans un champ de blé, du côté d'Heidelberg. A Kirchblüt, plus précisément, où les étés semblent briller d'un éclat à nul autre pareil, là où les jours sombres sont rendus au destin, selon le souhait d'Evi...

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