Compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/04/2009

La traversée (du désert en ce qui me concerne)

Le 9 février, deux jours après la mort de ma mère, j'étais allée en ville et j'avais éprouvé le besoin de chercher refuge dans les livres. J'étais allée acheter La traversée, de Philippe Labro. Il s'agit d'un livre dans lequel le journaliste évoque ce qu'il a vécu en réanimation, après une grave infection pulmonaire. En lisant ce roman, je voulais plonger au coeur de la réa, savoir un peu ce qu'avaient pu être les derniers instants de ma maman ici-bas... Evidemment, chaque expérience garde son caractère unique, et je ne peux pas affirmer à cent pour cent que ma mère a vécu en réanimation les mêmes choses que Philippe Labro ! Qu'à cela ne tienne, lire ce livre me semblait, en ce triste 9 février (mais, d'ailleurs, quel jour n'a pas été triste depuis son grand départ ?), lire ce livre me semblait être encore un acte d'amour destiné à me rapprocher d'elle, encore et toujours. Je viens de refermer le récit de cette étrange traversée (je l'avais commencé à la mi-mars : pas la force avant)... Philippe Labro a eu la chance de revenir de son long voyage... Au début du livre, il évoque ses morts. Les morts de sa vie. Ils sont tous là et semblent l'appeler. Mais il résiste et, soudain, tout bascule à nouveau dans la vie. Les morts disparaissent, faisant place aux vivants qu'aime Philippe Labro. Et je songe avec tristesse que pour ma mère, ce fut tout l'inverse : peut-être qu'au début, quand elle est arrivée en réanimation, elle a senti l'appel désespéré des êtres vivants qu'elle aimait. Puis, soudain, tout a basculé dans la mort, et ce sont ses parents et tous les autres morts de sa vie qui l'ont appelée plus fermement et plus efficacement que nous. Je repense également à ce triste moment où, rentrant de l'hôpital un soir et écoutant Berry chanter « La chanson d'Hélène », j'avais fondu en larmes. « Ce soir, nous sommes septembre

Et j'ai fermé ma chambre

Le soleil n'y entrera plus

Tu ne m'aimes plus »...

Bêtement, égoïstement, j'avais pensé que ma maman ne m'aimait plus. Et me revenaient en mémoire ces mots de Montherlant : « Nous mourons, quand il n'y a plus personne pour qui nous voulions vivre ». Je m'étais sentie rejetée par celle qui m'avait enfantée... Pire : je lui en avais voulu de m'abandonner.

Aujourd'hui, je me sens toujours abandonnée. Ce n'est pas à ma mère que j'en veux, c'est à la vie. Je suis certaine que ma maman aurait aimé rester plus longtemps parmi nous, je suis certaine qu'elle rêvait de voir grandir ses petits-enfants. Profonde tristesse, immense révolte devant ce point final survenu trop tôt...

Une autre fois, je mettrai ici un passage de La traversée...

 

Commentaires

Lorsqu'en 2004 la vie m'a imposé d'élever seul ma fille alors tout juste âgée de 7 ans, j'ai compris que la continuité de ce qui avait été commencé reposait désormais sur mes seules épaules. J'ai eu également la chance de pouvoir changer de métier moins de 3 mois après le drame.
Je te souhaite donc de tout coeur de trouver ce que tu dois perpétrer en la mémoire de ta maman, changer dans ta vie afin de ne pas sombrer et surtout trouver la force d'affronter cette injustice de face (pléonasme) et annihiler les effets négatifs qu'elle a essayés de te t'imposer. On est plus forts que l'injustice, qu'on se le dise. Bises.

Écrit par : Arnaud | 03/04/2009

Merci Arnaud, toujours présent, merci mille fois. Le temps ne pansera jamais cette blessure car perdre un parent est une claque dont on ne se relève pas, je pense, d'autant moins quand ce parent était jeune. Etrange sentiment très bien décrit par Cavanna, qui disait, en gros : "Maintenant, il n'y a plus personne devant pour aller tâter l'eau et te dire si elle est bonne ou pas". Le temps ne pansera jamais complètement cette blessure, disais-je, mais il l'atténuera quand même, j'imagine. D'autres sont passés par là et me disent que la douleur n'est plus tout à fait la même quelques années plus tard. En tout cas, pour moi, c'est vraiment la phase critique... Et puis je déteste les vendredis. Ma mère est morte dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 février et, dès le début de cette foutue semaine, Sam m'en est témoin, j'avais dit : "Elle va mourir vendredi". J'ai souvent des pressentiments, j'en ai toujours eu... Bref. Le vendredi, c'est la misère maintenant.

Écrit par : Cath | 03/04/2009

Cath, j'ai perdu mon papa quand j'avais 3 ans, il en avait 27..j'étais trop petite pour bien me rendre compte mais encore maintenant je suis révoltée et je trouve ça injuste, et parfois meme je lui en veux de m'avoir abandonnée et de m'avoir laissée grandir sans lui.
Tu vois, meme si je n'ai pas envie de pleurer quand j'y pense, et bien je peux dire qu'il me manque et que je me suis souvent dit, et me dis encore "tiens, s'il avait été là..."
Bisous.

Écrit par : Arabesque | 04/04/2009

Ce que vous m'écrivez me bouleverse, Arnaud et Arabesque. C'est fou le nombre de gens qui ont été touchés par de telles injustices, je m'en rends compte depuis que ma maman est partie et que je l'évoque avec d'autres. Ton histoire est d'ailleurs bien plus révoltante que la mienne, Arabesque. Il faut aussi que je sache penser aux autres, je ne suis pas seule à souffrir, il faut encore savoir être à l'écoute, je n'ai pas le droit de me recroqueviller sur mon chagrin.

Écrit par : Cath | 04/04/2009

Cath, moi, je crois que ceux qu'on aime, on voudrait les garder pour toujours..qu'ils aient 20 ans ou 60 ans...

Écrit par : Arabesque | 04/04/2009

Tout à fait d'accord avec toi, Arabesque ! De toute façon, à 60 ans, on a encore des tas de projets, la retraite ne fait que commencer...

Écrit par : Cath | 05/04/2009

Les commentaires sont fermés.