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23/12/2008

Une terrible épreuve...

 

Peut-être vous souvenez-vous de la note que j'avais écrite, il y a quelques mois, sur le film « Cherry blossoms ». Je me souviens d'avoir écrit ce jour-là que ce film donnait envie d'appeler ses parents au plus vite pour leur dire à quel point on les aime. Pour ma part, « Cherry blossoms » m'avait, entre autres, donné envie de demander à ma maman quand on retournerait à Berlin ensemble...

Aujourd'hui, au regard des circonstances tragiques dans lesquelles nous allons vivre les fêtes de fin d'année, j'en suis plutôt à me dire que nous avons bien fait d'aller à Berlin ensemble, elle et moi, quand l'occasion s'en présentait, car sans doute n'aurons-nous plus jamais la possibilité d'y retourner toutes les deux. Sans doute n'aurai-je plus jamais le coeur à retourner dans la capitale allemande, chargée pour toujours de trop de souvenirs...

C'est peut-être indécent d'exposer sa douleur sur Internet, et je sais bien que le chagrin n'est pas une chose que l'on doit exhiber. Mais j'ai le coeur si lourd depuis dimanche que seule l'écriture peut me faire encore tenir debout. Et le sourire de mes filles aussi, bien sûr, et toutes les gentillesses prodiguées par les uns et les autres...

Dimanche, ma maman est tombée dans une inconscience profonde. Elle est partie en urgence à l'hôpital. Le diagnostic est lourd : elle a fait deux hémorragies cérébrales. Elle a subi une grosse intervention hier. Elle est à présent en réanimation, et on ne sait pas comment les choses vont évoluer. On ne sait même pas si elle va se réveiller et, si oui, quelles seront les séquelles, son cerveau ayant été très atteint... Les coups du destin vous tombent dessus à n'importe quel moment, Noël ou pas Noël... Nous devions passer le réveillon tous ensemble, en famille. Et là, nous allons quand même faire quelque chose, notamment pour les enfants, mais il manquera quelqu'un à table...

Ma maman a toujours dit qu'il fallait profiter au maximum des joies de la vie car il n'y en a pas tant... C'est un peu ce que dit le proverbe allemand « Man muss die Feste feiern, wie sie fallen ». Si j'avais su, j'en aurais profité tellement plus quand elle était encore bien ! Ma petite maman, ma petite Mutti...

14/12/2008

Meine freie deutsche Jugend

 Claudia Rusch.jpg

Il y a quelques semaines, ma collègue de musique me demandait un petit service : jeter un oeil sur le devoir d'allemand de sa fille. Il s'agissait d'un devoir de compréhension écrite. Avec, comme document de référence, un texte parlant de la RDA. Le titre : « Die Musik meines Vaters ». L'auteur : Claudia Rusch. Inconnue au bataillon. Moi qui adore les témoignages évoquant la RDA et en ai lu un bon paquet, j'en suis restée comme deux ronds de flan ! D'abord, je me mis à lire le texte. Une jeune fille racontait quel avait été le pouvoir de la musique « de l'autre côté ». Et combien le concert de Bob Dylan, à Berlin-Est en 1987, avait été décevant : le public est-allemand, pourtant si heureux d'accueillir le grand homme, s'était senti floué par sa prestation qui n'avait ressemblé qu'à une obligation sur une longue liste... « Für die Leute war es Gott schauen – aber der Schöpfer ging vorüber, ohne sie eines Blickes zu würdigen ».
Plus loin, il était question de Neil Young qui, lui, n'a jamais donné de concert en RDA. En revanche, il est venu jouer à Berlin au début des années 90. Le beau-père de Claudia Rusch était allé l'applaudir, elle l'avait accompagné et avait compris qu'était en train de s'accomplir, sous ses yeux de toute jeune fille, le rêve d'une vie entière...

Evidemment, le texte m'a émue ! Juste après l'avoir lu, c'était décidé : je finirais par acheter le bouquin ! Ce que j'ai fait il y a quelques jours. Sur Amazon.de parce que, malheureusement, pas le temps d'aller en Allemagne me procurer le trésor.

Depuis que j'ai reçu ce livre (Meine freie deutsche Jugend), je le sirote, je le bois tranquillement pendant les siestes de Louise, les moments plus calmes de Clara, les rares heures où je suis seule dans l'appartement, entourée de silence...

Ce livre est tout simplement magnifique. Extrêmement touchant ! Je me sens proche de cette jeune femme qui raconte que le rêve de sa mère, du temps de la RDA, était de manger du homard, délicieux mets introuvable à l'Est. Et qu'un parent de l'Ouest (il me semble) lui avait rapporté un jour. Sauf que le homard, eh bien, personne ne savait comment le cuisiner. Ils s'y sont mis à plusieurs et ont décidé de le faire cuire à la poêle. Bien entendu, le truc s'est révélé immangeable ! Je me sens proche aussi de cette jeune femme qui raconte que lorsque le mur est tombé, son rêve le plus ardent était d'aller en France (tiens, j'en connais une qui rêve plutôt d'Allemagne !). Et elle y est allée. Elle a même supplié le fonctionnaire des douanes françaises de lui mettre un tampon français sur son passeport est-allemand.

C'est touchant, c'est drôle aussi parfois. Plein de vie, de la vie comme elle va, emmaillotée dans son cortège de joies et de peines. Un livre à lire absolument, quoi !