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29/01/2008

Animal triste

4172ade097ee160e3eeb692c87c42a99.jpg Magnifique livre emprunté vendredi à l’institut Goethe de Nancy. Et dévoré en peu de jours. Terminé hier soir, entraînée par une frénésie incroyable… Ce livre, c’est Animal triste, de Monika Maron (photo de l'écrivain ci-contre). Il s’agit d’un roman d’amour. Plus exactement d’un roman qui analyse et décompose une histoire d’amour vécue quelques années auparavant par la narratrice. L’histoire est simple, universelle, un peu rebattue : une femme s’éprend d’un homme marié. Commence alors le calvaire du partage ! Le désespoir de se retrouver seule dans son lit froid alors que monsieur est parti retrouver madame l’officielle… La narratrice en vient à épier cette femme, la « préférée », celle que monsieur, en dépit de ses beaux discours, ne quittera jamais… L’histoire est un peu rebattue, disais-je. Oui, mais elle est écrite d’une manière très originale. Et dans une langue magnifique et flamboyante. On est tenu en haleine du début jusqu’à la fin du roman. On ressent l’oppression éprouvée par la narratrice prise dans les filets de cette passion d’une infinie tristesse… Un livre bouleversant, dans lequel on trouve ces jolies lignes sur les premiers temps de l’amour :

 

"Die Zeit der reinen Dankbarkeit ist die erste Phase der Liebe, vermutlich jeder Liebe. Einem Menschen gelingt es, uns zu verwandeln. Eigenschaften, von denen wir wünschen oder sogar wussten, dass sie verschüttet oder unerweckt in uns verborgen sind, verdrängen von der Sekunde unseres Verliebtseins an andere, mit denen zu leben wir gewohnt waren. Wir erkennen uns nicht wieder. Wir sind schöner, sanfter, weise. Wir sind erlöst von unserem Kleinmut und unserer Missgunst. Wir fühlen uns imstande, unserem ärgsten Feind zu vergeben. Jeden Baum, jede Straße, jede Minute überstrahlen wir mit unserem Glück und wundern uns über ihre bis dahin unentdeckte Schönheit. Wir fühlen uns eins mit dem Himmel, dem Regen, dem Wind. Wir sind endlich von dieser Welt und endlich gar nicht mehr von ihr. Nachdem ich Franz getroffen hatte, schlug ein Gedicht wochenlang in mir wie mein Herz : “Es war, als hätte der Himmel die Erde still geküsst, / dass sie im Blütenschimmer von ihm nun träumen müsst. / Und meine Seele spannte weit ihre Flügel aus / flog durch die weiten Lande, als flöge sie nach Haus”. Wir sind dem Menschen, der uns in das verzaubert hat, was wir nun sind und schon immer hatten sein wollen, dankbar, so dankbar, dass wir ihm nichts vorenthalten wollen von dem, was wir zu vergeben haben. Wir wollen ihm bedingungslos dienen. Wir würden unser Leben hergeben für das Wunder, das er an uns vollbracht hat. Wir fragen nicht, warum er es war, der uns verwandeln konnte. Er war es. Wir schreiben unser Leben um, weil es uns nachträglich sein Ziel offenbart hat : den Augenblick der Begegnung mit ihm, den wir insgeheim unseren Schöpfer nennen, denn das was wir in uns verspüren, halten wir für göttlich, und nachdem ich im Laufe der Jahre über die Liebe alles gedacht habe, was ich zu denken vermochte, glaube ich, dass eben das die wahrhaftigste Empfindung ist, zu der wir imstande sind".

 

Voilà, ça, c’était la première phase de l’amour. Mais, car il y a forcément un « mais », la deuxième période est nettement moins joyeuse ! A découvrir bientôt, si le cœur vous en dit.

Au fait, Monika Maron, je l’ai découverte il y a quatorze ans maintenant. J’ai consacré ma maîtrise à deux de ses œuvres. Le sujet m’avait été imposé : comme je partais faire une partie de ma maîtrise à Leipzig, ex-RDA, le prof qui nous « chapeautait » à l’époque avait conseillé à tous les étudiants concernés de choisir un auteur d’Allemagne de l’Est. Je m’étais d’abord montrée réticente, j’avais toujours voulu consacrer ma maîtrise à l’ami Hermann Hesse. Mais, avec le recul, je me dis que partir à la rencontre de certains auteurs d’ex-RDA fut aussi une chance. Monika Maron est née à Berlin en 1941 et a grandi en RDA. En 1988, elle est passée « de l’autre côté ». A présent, elle vit de nouveau à Berlin. Ses livres sont truffés d’analyses psychologiques fouillées. A lire, vraiment ! 

 

17/01/2008

Petit voyage dans l'âme allemande

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Ce livre est un petit bijou ! Ainsi, d’autres que moi pensent que la langue allemande est un incroyable réceptacle de trésors ?! Cela fait du bien, je me sens moins seule !

 

Voici quelques passages particulièrement savoureux que l’on trouve dans la préface de cet ouvrage :

« C’est incroyable ». Notre ami allemand est stupéfait. « Vraiment, le mot Schadenfreude n’existe pas dans les autres langues ? » Il le demande avec une curiosité sincère, d’un ton qui signifie : « Mais comment vous débrouillez-vous ? » Il a beau être moyennement cultivé, bien parler l’anglais, passablement le français et même l’italien, il ne s’était jamais rendu compte que l’allemand dispose de termes qui n’ont pas d’équivalent dans les autres idiomes. Il imputait cela à ses propres lacunes ».
Le voilà perplexe. « Les Allemands seraient-ils les seuls à se réjouir des malheurs d’autrui ? » Non, le rassurons-nous. Car si nous n’avons pas de mot pour exprimer la « joie qu’on tire des malheurs d’autrui », soit Schadenfreude en allemand, nous connaissons bien le sentiment, à mi-chemin entre l’envie et le rire, que suscitent en nous ces malheurs qui arrivent aux autres. Et quand ils arrivent à des célébrités, l’effet est garanti ».

 

« Quant à nous, qui abordons le monde de l’allemand, nous sommes surpris avant tout par sa précision. Poser un livre debout sur une étagère se dit hinstellen, le poser à plat sur une table : hinlegen. Comment confondre en effet l’acte de mettre un objet à la verticale et celui de le mettre à l’horizontale ? De même, on ne peut « aller » tout simplement quelque part. Trop facile et trop imprécis. Aller comment ? A pied, en voiture, en train, en avion, à cheval ? L’allemand ne tolère pas ce genre de grossièretés. (…) Toute chose a sa place et toute place a sa chose : cette maxime a trouvé sa réalisation dans la langue allemande ».