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07/12/2007

Göttingen encore (pour la petite histoire...)

Cela faisait longtemps que je voulais de nouveau me renseigner sur ce qui a conduit Barbara à écrire « Göttingen ». Je me souviens qu’elle en parlait dans ses mémoires inachevés, mais je ne savais plus où se trouvait le passage. En lisant Barbara, portrait en clair-obscur, de Valérie LEHOUX, j’ai pu retrouver les événements qui ont poussé Barbara à écrire cette belle chanson de paix…

« Nous sommes en 1964. Barbara chante à L’Ecluse. Elle en est la vedette. Elle se produit en fin de soirée, aux alentours de vingt-trois heures, après les chansonniers, les humoristes, les débutants. (…)

A L’Ecluse, une jeune femme vient souvent l’écouter. Elle s’appelle Sibylle Penkert, elle est allemande, elle adore la chanson. Sibylle le dit, elle l’écrit, le répète autour d’elle : cette Barbara qu’elle entend à L’Ecluse est une artiste hors du commun ! Et maintenant, elle ne rêve que d’une chose : la faire venir chez elle, en Allemagne, à Göttingen ».
Le 3 avril 1964, la jeune Allemande rédige une lettre qu’elle adresse à Barbara. Premier réflexe de l’artiste : refuser.

Je cite à nouveau Valérie Lehoux : « La guerre a laissé des traces profondes, à vif. Les plaies ne se sont pas fermés, les esprits pas apaisés. ‘L’Allemagne était comme une griffe’, confie-t-elle. Göttingen ? Non, vraiment, impossible d’aller chanter là-bas ! »

(…) Puis, Barbara réfléchit sérieusement à cette invitation. « Elle se dit que, finalement, elle devrait accepter la proposition de Sibylle. Quand se décide-t-elle ? Pourquoi se décide-t-elle ? Le sait-elle elle-même ?

Mauvaise humeur. ‘Je pars donc pour Göttingen en ce mois de juillet 1964. Seule et déjà en colère d’avoir accepté d’aller chanter en Allemagne ‘. Sur le quai, à l’arrivée, un jeune homme l’attend : c’est Gunther Klein, le directeur artistique du « Junges Theater », où Barbara doit se produire. Et lui est de très bonne humeur, tout au bonheur d’accueillir Barbara ! (…)

Barbara a le visage fermé. ‘Il insiste pour me faire visiter la ville, si belle en cette saison’. Pas question. Elle ne veut rien voir, rien d’autre que le théâtre. Ainsi soit-il : Gunther, toujours de bonne humeur, la conduit jusqu’au lieu du concert, une jolie petite salle d’une centaine de places dirigée depuis peu par une équipe dynamique, et surtout fréquentée par les étudiants de Göttingen. Ici ils ne manquent pas : ils sont ptrès de dix mille ! Voilà qui devrait l’adoucir : la jeunesse, la musique et la curiosité… Mais rien n’y fait : à peine Barbara a-t-elle pénétré dans la salle que son visage se fige un peu plus. En lieu et place du demi-queue noir qu’elle a exigé se trouve un énorme instrument surgi d’un autre temps. D’un cauchemar !

(…) C’est alors que Gunther lui explique qu’il y a à Göttingen, en ce moment même, une grève des déménageurs de piano. Réaction de Barbara : «Voilà qui change tout. Je passe de la colère à la tristesse ».

Gunther a une idée : de jeunes étudiants de sa connaissance pourraient peut-être aller emprunter un piano noir, à queue, à une vieille dame qu’ils connaissent.

Vers 22 heures, miracle : le piano tant attendu arrive ! Tout rentre dans l’ordre. Gunther propose même à Barbara de prolonger son contrat d’une semaine. Elle accepte ! Les jours suivants, elle découvre la ville, accompagnée de ses déménageurs de fortune. La veille de son départ, elle écrit  un petit texte qu’elle lira sur scène avant de partir :

« Bien sûr, ce n’est pas la Seine,

Et c’est loin du pont de Suresnes,

Mais c’est bien joli tout de même

A Göttingen, à Göttingen »…

De retour à Paris, elle peaufinera la chanson et l’enregistrera. Sur scène, elle la chantera partout, jusqu’à l’ultime concert de 1994. Et la chanson lui survivra. En janvier 2003, lors des festivités marquant le quarantième anniversaire du traité d’amitié franco-allemand, le chancelier Gerhard Schröder en lira un extrait. Geste peu commun dans les cénacles diplomatiques.

 « Oh, faites que jamais ne revienne

Le temps du sans et de la haine

Car il y a des gens que j’aime

A Göttingen, à Göttingen »…

Et je crois que c’est en novembre 2001 que fut inaugurée, à Göttingen, une rue Barbara (Barbarastraße). La boucle est bouclée…

Je n’ai pas vu cette rue quand je suis allée à Göttingen, j’ignorais tout simplement son existence. En revanche, l’an dernier, après être allée voir Thiéfaine sur une scène parisienne, j’ai demandé à Sam de faire un crochet par Précy-sur-Marne, où la chanteuse Barbara vécut de 1973 à son dernier jour. Ce fut très émouvant de pouvoir discuter avec un monsieur qui avait connu Barbara… Le petit village de Précy est magique. On y trouve partout des indices rappelant que l’âme de la longue dame brune y danse encore. Ainsi ce nom de rue :

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