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22/11/2007

Goethe (suite et presque fin)

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La philosophie de l’histoire et les conceptions politiques de Goethe sont le prolongement direct de sa philosophie de la nature. Convaincu que, dans les sociétés humaines comme dans la nature, les changements s’opèrent par une lente évolution et non de manière brusque, il ne partage pas l’enthousiasme d’un Kant ou d’un Fichte pour la Révolution française. Les sociétés humaines lui semblent trop fragiles pour s’accommoder de tels soubresauts. « Tout ce qui est violent et précipité me répugne dans l’âme, -dira-t-il à Eckermann- car cela n’est pas conforme à la nature (…). Je suis l’ami des plantes, et j’aime la rose comme la fleur la plus parfaite que produise notre ciel allemand. Mais je ne suis pas assez fou pour vouloir que mon jardin me la donne maintenant, à la fin d’avril ». S’il ne nie pas la nécessité des réformes, Goethe ne pense pas qu’un peuple puisse se gouverner lui-même. Homme d’ordre, sa préférence va incontestablement au despotisme éclairé. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il se désintéresse des événements qui bouleversent l’Europe et dont il fait la toile de fond de Hermann et Dorothée (1796) -épopée en neuf chants qui est une des œuvres les plus représentatives du classicisme goethéen- conférant ainsi à ce drame bourgeois une dimension épique. Goethe est du reste lui-même témoin de l’histoire en marche. Il accompagne Charles-Auguste dans la campagne de France et assiste en 1792, dans le camp prussien, à la bataille de Valmy, au soir de laquelle il aurait prophétisé : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l’histoire du monde, et vous pourrez dire : j’y étais ».

A partir de 1794, Goethe se lie d’amitié avec l’autre grand écrivain allemand de sa génération, Friedrich Schiller. Si leurs origines et leur tempérament les ont un temps tenus éloignés l’un de l’autre, bien des choses rapprochent toutefois les deux hommes. Ils partagent le même souci de refonder la littérature allemande et d’éduquer le goût du public. En dix ans, jusqu’à la mort de Schiller en 1805, ils s’écriront plusieurs centaines de lettres. Ils se communiquent tous leurs projets, soumettent chacune de leurs productions à la lecture critique et à l’approbation de l’autre, éditent ensemble des revues –Les Heures et Les Propylées- et écrivent même à deux mains un recueil d’épigrammes, les Xénies. « Je suis ravi –écrit Goethe à Schiller- que l’on nous prenne l’un pour l’autre en écrivant ce que nous publions : c’est la preuve (…) que nous sommes en passe d’atteindre ce qui est vraiment et universellement bien ».

Goethe -« Vous avez refait de moi un poète », écrit-il à Schiller- compose à cette époque quelques-unes de ses œuvres maîtresses, dont Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister (1796), auxquelles il travaille depuis 20 ans et à l’achèvement desquelles Schiller semble avoir pris, par ses relectures et ses conseils, une part décisive. L’histoire littéraire fera de ce roman le modèle du Bildungsroman -ou « roman de formation »- dans lequel un héros se cherche à travers ses expériences successives du monde qui l’entoure. Pour Wilhelm Meister, l’apprentissage de la liberté passe, dans un premier temps, par le théâtre. Et ce roman, largement autobiographique, est l’occasion pour Goethe de rassembler ses réflexions sur le théâtre, auquel il porte, depuis l’enfance et l’adolescence, un intérêt passionné et qu’il tient pour un moyen privilégié de cette éducation de l’Allemagne, à laquelle Schiller et lui-même s’emploient.

 

 

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