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16/07/2010

Breizh !

 

J'ai trop de passions ! Il me faudrait dix blogs pour les honorer toutes comme il se doit ! Par exemple, il me faudrait encore un blog consacré à Higelin, un autre à la Bretagne ! Mais, même quand on est passionné, volcanique, impétueux comme je pense l'être, il faut savoir être un minimum raisonnable. Trop de blogs tueraient mes blogs. Alors, de temps à autre, ici ou là, je m'autorise un hors-sujet. Sur le blog HFT, je me mets à parler d'Higelin, sur le blog Allemagne, je me mets à raconter la Bretagne !

Aujourd'hui, je vais donc évoquer cette région de France qui représente tant pour moi... J'en ai déjà parlé un peu ici, j'ai dû évoquer Anna, ma mamie d'adoption, 96 ans à la fin de cette année, et toujours bon pied, bon œil. A chaque fois que je la quitte, je me demande si elle sera là quand je reviendrai. Et, miracle, elle est toujours là ! Jusqu'au jour où... Oui, je sais bien, elle n'est pas éternelle...

Dans dix jours, je partirai pour la Bretagne. Et ça y est, mon cœur cogne comme un enragé dans ma poitrine ! La Bretagne, c'est... C'est inimaginable ce que c'est pour moi ! Quand j'étais enfant, je passais toutes mes vacances dans les Côtes d'Armor (qui, d'ailleurs, s'appelaient encore les Côtes-du-Nord à l'époque). Mon père, Breton pure souche, bretonnant, la voiture bardée de drapeaux « Breizh » (!!), n'imaginait même pas qu'on pût aller passer ses vacances ailleurs qu'en Bretagne ! Donc, chaque été, et même à la Toussaint et à Pâques, cap sur le 22 ! J'adorais y aller, j'étais toujours la première à m'installer en voiture quand il s'agissait de partir. A mes yeux, le petit bled dans lequel nous allions passer quelques jours, quelques semaines, possédait un charme carrément exotique. Là-bas, on voyait des voitures ... qu'on ne voyait plus que là-bas ! Des gens étranges qui baragouinaient une drôle de langue, qui était aussi celle de mon père d'ailleurs. Là-bas, mon père n'était plus tout à fait français. Il écoutait la radio en breton, il causait breton dès qu'il sortait dans la rue. Tout à coup, ce grand timide devenait étonnamment loquace !

Avec mon frangin, nous allions à la pêche, nous récupérions aussi tous les chiens errants des alentours, et nos parents devenaient chèvres !! On allait au fest-noz en famille, on se baladait en forêt à la recherche de lutins... Bretagne, terre de légendes !

Quand nous n'étions ni à la plage, ni à la pêche, ni en train de sauver de malheureux clébards hideux, je me baladais d'une ferme à l'autre, j'aidais Lucie, l'ancienne boulangère du village, à donner à manger à ses lapins. J'allais voir un veau naître dans une étable sombre...

La Bretagne, pour moi, c'est l'enfance. Et c'est plus que ça. C'est le pays que j'ai au fond du cœur, juste à côté de l'Allemagne... Entre mon père et moi, ça a toujours été la « guerre » : quand nous allions en Allemagne et que je m'émerveillais de la beauté du paysage, il disait : « D'accord, l'Allemagne est un beau pays, mais il y manque la Bretagne ». Et moi, souvent, quand on me dit : « Mais bon sang, tu aimes tellement la Bretagne, va donc t'y installer ! », je réponds que c'est trop loin de l'Allemagne. Affreux dilemme pour moi, vraiment. Si, un été, je décide d'aller passer mes vacances en Allemagne, je me dis qu'il va falloir renoncer à la Bretagne, et inversement ! Heureusement que dans ma géographie intérieure qui se moque des conventions et des cartes, j'ai réussi à rapprocher ces deux endroits !

10/07/2010

Kunst des Schattenspiels, Luise Rinser

 

Je ne sais plus comment j'ai découvert Luise Rinser. Cela remonte à environ quatorze ans. Depuis, je lis régulièrement les livres de cette femme extraordinaire. J'aime ses romans, mais ma préférence va à ses écrits intimes, à toutes ces pages dans lesquelles elle expose ses questionnements métaphysiques. Luise Rinser était une grande dame. Elle refusa de pactiser avec le NSDAP. Elle fut emprisonnée sous le régime nazi, dénoncée lamentablement par une de ses connaissances d'avoir porté atteinte au moral des troupes. Elle a relaté cette terrible expérience dans un livre magnifique, Gefängnistagebuch (il s'agit du journal qu'elle a tenu lorsqu'elle était incarcérée).

Luise Rinser a vécu avec le compositeur Carl Orff. Elle était très sensible à la musique. Et sensible à tout ce qui l'environnait : les êtres humains, les animaux, les fleurs, les paysages.

En ce moment, pour bien commencer les vacances, je lis Kunst des Schattenspiels, le journal que Luise Rinser tint de 1994 à 1997. Elle y raconte, entre autres, sa rencontre avec le Dalaï Lama. A 80 ans passés, la dame est toujours plongée dans sa quête. Quête spirituelle, quête d'un monde meilleur. Elle parle également de son fils Stephan, mort à 55 ans. Décidément, dans tous les livres que je lis, il est question de deuil. Je ne sais pas forcément à l'avance que les livres que j'achète ou que j'emprunte à la bibliothèque vont me tremper à nouveau le cœur dans ma propre souffrance... C'est peut-être un signe (comme Luise Rinser, je suis « zeichensüchtig » !), signe qu'il faut que je me batte encore longuement en duel avec mon deuil qui n'en finit pas...

Luise Rinser dit aussi son étonnement face à un monde où l'amour n'a pas réellement sa place. Elle se promène en ville et s'étonne de ne voir que des mines renfrognées. Elle s'amuse à sourire aux gens qu'elle croise. Les réactions varient d'une personne à l'autre. La plupart du temps, c'est la surprise en face. Nous sommes si peu enclins à nous aimer les uns les autres (cela me fait penser à la très belle chanson de Souchon, « on s'aime pas »).

Luise Rinser menait une vie « saine ». Elle aimait se promener dans son jardin. J'aime cette phrase toute simple : «Das Leben mit einem Garten, der Umgang mit Pflanzen und Tieren macht leiser ». Et d'expliquer que quand on vit dans une maison avec jardin, on a toujours peur de faire du bruit et d'effrayer les petites vies environnantes : le chat qui dort sur un banc, la grenouille dans la mare, etc. Quelle belle vision des choses ! Quel respect de la vie, humaine ou non ! Chapeau, madame Rinser, pour votre belle âme !

Par bonheur, il me reste encore une cinquantaine de pages à lire de ce beau livre. Un truc chouette aussi : à un moment, dans le journal, on tombe sur quatre pages blanches. On se dit qu'il y a une erreur. Deux pages de trop. Et non : Luise Rinser explique ensuite que ces quatre pages correspondent à quatre mois de silence, quatre mois durant lesquels elle n'a pas pu écrire une seule ligne. Encore une belle idée ! Merci, madame Rinser !