Compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/08/2009

Ecoutez d'où ma peine vient...

Tout à l'heure, en allant au cinéma, j'écoutais Souchon chanter d'où sa peine vient... Et moi, ma peine, d'où vient-elle ? Vous le savez bien, n'est-ce pas ? Immense peine quand je pense que ma mère, qui aimait l'Allemagne à peu près autant que je peux l'aimer, immense peine quand je pense que ma mère ne verra pas les festivités autour des 20 ans de la chute du mur de Berlin... Immense peine quand je pense qu'elle ne sentira plus le rythme des saisons qui lui était si cher. Elle aimait le printemps qui insufflait une âme nouvelle à la nature, elle aimait l'été qui lui permettait de récolter ce qu'elle avait semé au printemps, elle aimait l'automne qui lui apportait d'autres joies : faire les vendanges, ramasser les noix. Elle aimait l'hiver qui lui permettait de se reposer du dur labeur qu'avaient engendré les trois saisons précédentes. Immense peine quand j'écoute une belle chanson et me dis qu'elle a été créée dans un monde dont ma mère est effroyablement et pour toujours absente... Immense peine quand je pense à tout ce qui m'a échappé d'elle, tout ce que je n'ai pas eu le temps, pas pris le temps de connaître. J'aime la phrase de Calaferte : « Je songe, attristé, à tout ce que j'aurai ignoré de toi »... Il y a bien longtemps, alors que j'accompagnais ma maman à l'hôpital pour une opération bénigne et l'attendais sur un banc, j'avais fondu en larmes. Un médecin, passant par là, m'avait consolée et dit d'une voix douce : « Une maman, ça ne se perd jamais ». Eh bien si, une maman, ça se perd. Parfois tellement vite, tellement brutalement que cela ressemble à une amputation. Voilà d'où vient ma peine... Actuellement, je lis toujours le livre de Joachim Fest, Ich nicht, et je suis tombée hier sur un passage qui m'a bouleversée. Fest dit en substance qu'il y a quatre gros événements dans une vie : la fois où l'on est submergé par la pureté d'un morceau de musique, le premier grand livre qu'on lit, le premier grand amour qu'on vit, et le premier deuil qui vient à jamais placer une cassure dans la vie. Et donner à celui qui endure ce deuil le sentiment de ce qu'on appelle en allemand le « unwiederbringlich », l'irrémédiable, l'irréversible... L'irréparable, en somme...

Les commentaires sont fermés.